Le nombre de médecins agressés n’a jamais été aussi important en France et notamment dans le département du Nord, selon l'observatoire du Conseil national de l'ordre des médecins. Plus de 1 000 praticiens ont été victimes de violences (insultes, crachats, vols ou coups) en 2017, dont 108 dans le département du Nord. « Notre département arrive en tête car nous avons également un très grand nombre de médecins (11 500). Le taux de victimisation est donc plus bas. Par contre, il est vrai que l’évolution est flagrante. On passe de 56 signalements en 2016 à 108 en 2017 », précise le Dr Jocelyne Gilski, référent Sécurité au Conseil départemental de l’ordre des médecins du Nord.
Des patients pressés et stressés
Les généralistes et les ophtalmos sont les médecins les plus agressés dans le département. La nature de la prise en charge est avant tout reprochée dans de nombreux cas « lorsque l'attente est trop longue en salle d’attente. Le refus de prescrire un médicament ou un arrêt de travail peut également engendrer des insultes. » Ces altercations se soldent rarement par une agression physique mais « l’an dernier, dans le Nord, un confrère a tout de même été victime de fractures et il y a eu plusieurs cas de gifles et coups de poing reçus. »
Le médecin est une victime
Le docteur Gilski, généraliste à Maubeuge, a elle-même été confrontée aux insultes d’un patient de passage qu’elle a pu gérer avec la famille, présente lors de la consultation. Elle rappelle que les médecins peuvent bénéficier de formation en communication pour calmer le jeu dans ce genre de situation. « Nous sommes dans une relation de confiance avec le patient qui est en difficulté quand il vient nous voir. Mais tout médecin a l’autorisation de refuser les soins à un patient si cette confiance est rompue. Agresser un médecin ce n’est pas anodin et le professionnel de santé ne doit pas oublier qu’il est avant tout une victime. »
Renforcer les liens avec les forces de l'ordre
Le Conseil de l’ordre des médecins en appelle à une réaction des pouvoirs publics et notamment du ministère de l’Intérieur. « Il y a une reflexion pour créer un référent sureté dans chaque commissariat et un numéro de téléphone d’urgence pour que le médecin agressé puisse tout de suite prévenir les forces de l’ordre. Les cabinets sont également de plus en plus équipés de systèmes de vidéoprotection. » L’observatoire de la sécurité préconise la mise en place de Reporty, une application qui permet de relier à distance les médecins aux forces de l’ordre.
