Jean-Pierre Clément, une semaine après la tempête, comment analysez-vous la situation ?
Cela fait 53 ou 54 ans que j’habite la commune de Bajus et je n’ai jamais connu un tel sinistre. Le jour de la vague, car il faut appeler cela comme ça, je me trouvais dans la mairie au moment où c’est arrivé et il était impossible d’en sortir. C’est monté d’un seul coup. Et puis, soudain, je vois une voiture passer. Je me dis que le mec au volant est dingue ! Sauf qu’il n’y avait personne pour conduire. Cette voiture a été emportée par les flots, elle a démoli la porte-fenêtre d’une maison où l’eau s’est engouffrée et a tout démoli. Quelques minutes après, c’est un gamin happé par la vague qui est passé sous mes yeux. Impossible de le secourir, nous étions également emportés. J’ai eu des nouvelles seulement une heure plus tard. Il était sain et sauf. Il souhaitait juste secourir sa maman qui était coincée dans sa voiture à l’entrée du village. Il pensait qu’elle allait mourir. C’est affreux. Je n’avais plus de tension.
A quel coût estimez-vous le sinistre avec ces trottoirs explosés, la voirie abîmée, les canalisations…
En TTC, les dégâts chiffrent à 400 000 euros. Pour remettre tout en état, ça représente 2 années du budget de notre commune qui compte 390 habitants. Tous les papiers sont partis en préfecture et l’on va être aidé mais… Artois Comm nous a aidés pour les bennes afin d’évacuer les gravats, remettre en état le réseau d’assainissement… Seule, sans l’intercommunalité, Bajus ne pourrait pas s’en sortir.
Et au niveau de vos administrés ?
Il y a 4 ou 5 logements vraiment sinistrés mais personne ne se plaint. De notre côté, avec nos moyens, on joue notre rôle et on les aide. L’une des dames les plus sinistrées nettoie sa maison tous les jours mais repart le soir chez ses parents avec ses 3 enfants dans une commune voisine. Malheureusement, c’est de la faute à personne. Par contre, je félicite les habitants car entre voisins, la solidarité a joué à 100%. Et elle joue toujours. Ca me fait plaisir. Et une fois que tout sera rentré dans l’ordre, même si ce n’est pas demain la veille, nous ferons une grande réunion de remerciements.
Combien de temps va-t-il falloir pour tout rénover ?
Nos bâtiments municipaux ont un peu souffert. Il y a par exemple eu de l’eau dans l’église et les bénévoles la nettoient ce mercredi. Mais ça va encore. Reste que pour réparer les voiries, ça va durer dans le temps. Il va falloir attendre les assurances, les devis… Dans un premier temps, nous avons paré au plus vite. Les gravats ont été amoncelés sur les côtés des rues pour permettre à tout le monde de circuler, de rentrer chez soi… C’était l’urgence.
Propos recueillis par Sylvain Créïs
