Horizon : Derek, pourquoi-êtes vous devenu un gilet jaune ?
Je suis au chômage et comme beaucoup de Français, je me sens impacté sur les taxes mises en place. Je manifeste donc depuis samedi dernier. Le gouvernement dit nous entendre mais ne réagit pas, si ce n’est nous insulter, nous menacer… Et, en attendant, rien ne bouge.
Après une phase de blocage des axes routiers, votre mouvement semble prendre une nouvelle direction ?
Vraiment, il n’y a pas d’essoufflement. Simplement, au départ, nous avons voulu marquer les esprits et interpeller le gouvernement. Or, on se rend compte qu’il ne réagit pas et c’est à ce titre que nous changeons de ligne de conduite. Désormais, nous allons chercher à bloquer les lieux symboliques de l’état comme les mairies, les préfectures… Mais nous allons également viser les grandes surfaces puisque l’état récupère son dû dessus. Notre ligne a donc changé car nous ne sommes pas sur l’objectif de gêner les gens qui sont des citoyens au même titre que nous. On comprend le ras-le-bol de tout le monde et nous souhaitons donc vraiment viser le gouvernement.
Quelles est la prochaine grosse opération que vous désirez mettre en place pour le prouver ?
Vendredi, il y a une opération nationale qui est prévue par rapport au Black Friday. Nous allons bloquer les grandes surfaces pour attaquer le porte-monnaie de l’état. On espère ainsi le faire réagir pour le forcer à s’asseoir autour de la table.
Et vendredi, serez-vous présent à l’appel d’une manifestation nationale à Paris ?
Je me pose la question. Je ne sais pas encore et je vais en discuter autour de moi. La question est de savoir si aller dans la capitale va faire changer les choses ou pas. Ou alors, ne vaut-il mieux pas continuer des actions dans la région ? Les arguments qui pourraient me faire me déplacer à Paris seraient que nous soyons sûrs de pouvoir être reçus par le gouvernement via une délégation. Après, notre position est claire : nous demandons la démission d’Emmanuel Macron et de ses ministres.
Ne craignez-vous pas des débordements ?
Je continue à maintenir que les vrais gilets jaunes ne sont pas pour la casse. On est pacifistes et contre les violences. Nous ne tolérons pas cela et, de toute façon, ça ne fera rien avancer. On veut que cela se passe dans un bon cadre et non dans l’affrontement. D’ailleurs, avec les forces de l’ordre, cela s’est en général toujours bien passé. Le discours est courtois. Sauf de temps en temps comme par exemple à Noeux-les-Mines où les gaz lacrymogènes ont été sortis par les forces de l’ordre. En tant que gilets jaunes, on peut comprendre que les CRS aient reçu des ordres mais c’est frustrant. On veut nous faire taire.
Propos recueillis par Géraud Lefebvre
