C’est une affaire qui avait provoqué une vive émotion dans le Bassin Minier. Le père de la petite Emilie est jugé depuis ce lundi matin aux assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer pour tentative d’assassinat sur une mineure. Le 19 janvier 2020, Emilie a été gravement brûlée lors d’un accident de voiture survenu à la sortie de Mazingarbe. Ce lundi matin, le président du tribunal est longuement revenu sur les faits.
Que s’est-il passé le 19 janvier 2020 ?
Jean-Philippe C et son épouse ne s’entendent pas au moment des faits. Et pour cause, le couple connait un divorce difficile. Ce dimanche là, le 19 janvier 2020, le père de famille prévoit une sortie avec sa fille Emilie, âgée alors de 8 ans. Il a régulièrement donné des nouvelles à la mère de la jeune fille mais le ton est donné. « Tu vas payer toute ta vie ». Un SMS envoyé à 14h qui sonne comme une menace. Jusqu’à 18h, le père de famille a continué à donner des nouvelles mais il y a eu cet accident survenu à 20h55 rue Alexandre Dumas à Mazingarbe. La voiture a percuté un pylône à vive allure avant de s’embraser. Emilie a été gravement brûlée. Après avoir été sauvée par un passant, elle a été plongée dans le coma. Elle ne se réveillera que le 1er avril 2020. La fillette ne sera pas présente au procès, elle reste marquée par ce drame et a subi une vingtaine d’opérations comme l’a rappelé le juge lors de l’audience.
Une version des faits changeante
Au moment de l’accident, Jean-Philippe C a affirmé une première fois avoir dévié pour « éviter un scooter ». Version qu’il confirme quelques jours plus tard au cours d’un interrogatoire lors de son hospitalisation au CHU de Lille. Sauf que le mis en examen va remplacer le scooter par un « animal » avant d’indiquer qu’il s’était « endormi au volant ». C’est ce qu’il a déclaré ce lundi en ouverture de procès. Néanmoins, le témoin de l’accident affirme lui n’avoir pas vu d’autres véhicules dans les environs et l’expert n’a pas décelé de trace de freinage, ce qui met à mal plusieurs versions notamment celles où le père aurait évité un animal ou un scooter. Le juge d’instruction a saisi la Cour d’Assise après le changement de plusieurs versions mais aussi pour faire toute la lumière sur cette affaire et trancher sur une question essentielle : « s’agit-il d’un accident involontaire ou d’un agissant conscient et volontaire ? » Tels ont été les mots du président du tribunal après avoir rappelé les faits.
De nombreux éléments à charge contre le père d’Emilie
Le père d’Emilie ne nie pas l’accident en lui-même. « Je m’en voudrais toute ma vie » ; a-t-il déclaré en ouverture du procès. Jean-Philippe C continue de nier les faits. Plusieurs éléments l’accablent : il roulait à 95 km/h sur une route limitée à 30 selon l’expert. Emilie a affirmé en apprenant la détention de son père « qu’il ne pourrait plus lui faire du mal ». Ensuite, le quadragénaire a déposé des bidons d’essence à l’avant du véhicule, fait étonnant quand on sait que l’homme est un ancien sapeur-pompier. Autre fait, et c’est l’un des plus troublants, de l’essence a été retrouvé sur le pantalon et les baskets de la jeune fille mais pas sur les vêtements de Jean-Philippe. De plus, la voiture s’est rapidement embrasée. Au total, le juge d’instruction qui a renvoyé l’affaire à la cour d’assise a retenu près de 13 éléments à charge contre Jean-Philippe C. À sa décharge, le père de famille a toujours affirmé qu’Emilie « avait une place centrale dans sa vie ».
Des témoins et les parties civiles témoigneront jusqu’à jeudi, date où le verdict sera prononcé si le procès n’a pas pris de retard. Le père de la fillette encourt la réclusion à perpétuité.