Ce dimanche, le RC Lens va retrouver Eric Roy, son ancien directeur sportif, sur le banc de Brest. L’occasion de se souvenir que dans l’ombre de l’énorme travail accompli par son successeur Florent Ghisolfi pour amener le club à tutoyer les sommets de la L1, il a posé quelques unes des premières pierres du renouveau lensois en L2.
Lorsqu’il arrive au RC Lens en tant que manager sportif en octobre 2017 pour prendre la suite de Jocelyn Blanchard, Eric Roy arrive au beau milieu de ce qui ressemble à un champ de ruine. Alors que sur le bord du terrain, Eric Sikora, nommé à la place d’Alain Casanova, s’échine à redresser une équipe bancale coupable d’un début de saison cataclysmique en Ligue 2, le nouveau dirigeant lensois s’attache à rebâtir en coulisses. Le mercato d’hiver 2017-2018 est son premier. Il n’y a pas que des réussites avec Brice Dja Djédjé et Alex Gersbach qui peinent à convaincre, mais il est déterminé à amener de la maturité dans son groupe pour le futur. L’une des premières pierres est posée : il mise sur Walid Mesloub, qui se remet d’une grosse blessure à Lorient. 6 mois plus tard, il ramène notamment à ses côtés Jean-Louis Leca et Guillaume Gillet. Ils forment un contingent de cadres dont l’effectif manquait et capable de tenir le groupe, de diffuser l’état d’esprit nécessaire pour viser la Ligue 1. En même temps que Jean-Louis Leca, Massadio Haïdara arrive. Tous les 2 sont encore là aujourd’hui. A leurs côtés, on retrouve des éléments comme Fabien Centonze, Mehdi Tahrat ou Yannick Gomis qui contribuent à amener le club jusqu’au barrage perdu pour la montée.
A l’été 2018, avec Arnaud Pouille et l’arrivée de Philippe Montanier en tant qu’entraîneur, il a bâti un effectif solide. Il commente alors : « Depuis mon arrivée au 1er octobre, nous avons travaillé pour le recrutement d’hiver qui était un mercato d’ajustement mais aussi pour établir les grandes lignes du marché de cet été. Il y avait une équipe à reconstruire et moi j’aime reconstruire de la base. On a posé les fondations et nous avons pas mal stabilisé sur le plan défensif. Petit à petit les choses se mettent en place. » La suite, y compris le barrage de fin de saison, Eric Roy ne le vivra pas en tant que directeur sportif du RC Lens. Il est en effet parti en avril 2019 dans le cadre du PSE ne trouvant pas d’accord avec le club sur la modification de son contrat. Mais il a laissé quelques cadeaux pour la suite, permettant à son successeur Florent Ghisolfi d’entamer son travail colossal dans un club toujours en chantier, mais sur un terrain déjà moins cabossé…
Franck Haise : « Eric Roy a fait en sorte que je reste »
Car il a aussi ramené, grâce à ses contacts du côté de l’Académie Jean-Marc Guillou, un certain Cheick Doucouré, venu passer un essai début 2018. Il croit alors beaucoup en ce milieu de 18 ans accueilli dans le groupe de N2, coaché par Franck Haise. Le Malien n’était pas seul : Salis Abdul Samed était aussi là. A l’époque, le club ne peut en retenir qu’un. Cheick Doucouré rejoindra alors très vite le groupe de Philippe Montanier, mais Franck Haise a eu le temps de repérer Salis Abdul Samed, que le club continuera de suivre. Un Franck Haise nommé à la tête de l’équipe première en février à la place de Philippe Montanier sur un coup de génie de Florent Ghisolfi… qui aurait été impossible sans la conviction du nouveau coach de Brest, qui a tout fait pour l’empêcher de rejoindre un club belge en tant qu’adjoint. Franck Haise l’a confirmé vendredi : « Eric Roy fait partie d’une époque où les choses n’étaient pas simples, où elles étaient à reconstruire. Il ne faut pas l’oublier, il fait partie de ceux qui ont permis au club d’avancer. J’ai toujours eu d’excellents rapports avec lui. Il a fait en sorte qu’au bout d’un an de présence en réserve, je reste malgré une sollicitation. » « J’avais fait le nécessaire pour qu’il reste avec nous parce que je trouvais que c’était un excellent technicien. Et l’homme a des valeurs qu’on retrouve dans son équipe », a commenté en écho Eric Roy du côté de Brest, qui avait senti que l’éducateur avait encore beaucoup à apporter à Lens, à défaut d’être celui qui l’a fait entré au club ou intronisé auprès de l’équipe première.
Son regard était plutôt aiguisé puisque c’est aussi à son époque que le nom de Jonathan Clauss est apparu une première fois dans les petits papiers lensois. L’international français évoluait alors à Quevilly-Rouen et Eric Roy s’était penché sur son cas en 2018, sans suite pour autant, comme le confirme l’entraîneur normand d’alors, Emmanuel Da Costa. Le RC Lens le recrutera finalement avec le meilleur des timings en 2020, en pleine progression à Bielefeld. Depuis, Eric Roy a rebondi d’abord en tant que directeur sportif à Watford, puis aujourd’hui à Brest, où il reprend une casquette d’entraîneur occupée quelques temps à Nice. Jean-Louis Leca, le portier lensois, n’est pas étonné par la trajectoire de ce touche-à-tout : « Il a des compétences. Quand il est arrivé, Lens était plus proche du National et à la fin on fait un barrage. C’est quelqu’un qui a une vision et il était toujours proches des joueurs. Il y a des gens comme ça qui ont des profils leur permettant d’être entraîneur ou directeur sportif, un manager général en quelque sorte. Après les discussions que nous avions sur des aspects techniques, je savais qu’il pouvait rebasculer vers un rôle de coach. » Et le RC Lens devra déjouer ses plans dimanche pour atteindre les 8es de finale de la Coupe de France.