A peine le temps de digérer la déception de l’élimination en quart de finale de la Coupe de France de mercredi à Nantes (2-1) que le RC Lens doit se tourner vers un derby à fort enjeu samedi à Bollaert contre Lille. Franck Haise fait le point entre ces 2 échéances très rapprochés, avec la volonté de voir son groupe rebondir sans lui mettre une pression débordante.
Lensois.com : Franck Haise, quand vous placez Lille dans la position du favori, est-ce une façon d’enlever une certaine forme de pression à votre équipe ? A quel point est-ce un coup de communication ?
Tout est communication, mais pour le coup, quand j’ai dit ça… Le niveau des équipes n’est pas si éloigné que ça, ils ne sont pas si au-dessus de nous que ça, mais ce qui est clair c’est que la dynamique et notre manque d’efficacité dans les 2 surfaces font que si on ne retrouve pas ça, que ce soit contre Lille ou d’autres, il y aura de toute façon d’autres équipes qui seront favorites contre nous.
On parle souvent de votre manque d’efficacité dans les 2 zones ces derniers temps mais vous avez toujours la meilleure défense et vous marquez toujours, c’est surtout la comparaison avec le nombre d’occasions qui joue en votre défaveur. L’équipe lilloise n’est-elle pas 6e à cause de problèmes similaires au cours de la saison ?
Ce qui est sûr, c’est qu’on est la meilleure défense. Sur les occasions concédées, on n’en concède pas tant que ça mais on en prend plus qu’à une époque. Sur les occasions créées, les chiffres restent constants mais on est moins efficace, comme peut l’être Lille parfois même s’ils ont marqué 2 fois 3 buts sur leurs 2 derniers déplacements. Lille est 6e, mais avec 44 points, ça prouve qu’on a un haut de tableau extrêmement compétitif. Je n’oublie pas Nice non plus.
Après une contre-performance, il y a toujours le besoin de corriger des choses. Comment vous organisez-vous pour préparer au mieux le derby qui est programmé samedi, ce qui vous laisse très peu de temps ?
En effet, après mercredi il y a eu une vraie déception pour tout le monde. Mais notre métier, que ce soit pour les joueurs, le staff, ou les entraîneurs, c’est de rebondir, de reprendre de l’énergie pour repartir au combat. Personne ne va le faire à notre place. Je n’attends rien de personne mais tout de mon groupe et de l’énergie que l’on va remettre pour ce match-là, qui au-delà de tout a aussi une symbolique. Pour le travail, c’est sûr qu’en 48 heures, il n’y a pas beaucoup de place pour le terrain collectivement. Quelques joueurs ont fait une séance jeudi mais pas les titulaires de la veille. On fera une courte séance ce vendredi mais qui ne sera pas classique, car il n’y a pas assez de temps au niveau de la récupération pour faire des choses très élaborées. Mais cela n’empêche pas de réfléchir à comment régler les problèmes posés par les Lillois et comme leur en poser.
« Je serais plus inquiet s’il n’y avait pas d’agacement »
Ces derniers temps vous encaissez bien plus de buts dans le premier quart d’heure après le retour des vestiaires. A l’inverse vous marquez désormais la plupart de vos buts avant la pause et non plus en seconde période. Comment expliquez-vous ces nouvelles dynamiques ?
Au-delà du moment où on prend les buts, ce que je peux dire c’est que pour qu’il y ait un but encaissé, il faut qu’il y ait une ou plusieurs erreurs. Certains de nos buts encaissés sont liés à plusieurs erreurs. Sur l’égalisation de Nantes, il y a certainement de la déconcentration car c’est sur l’engagement et on sait que ce sont des périodes qui peuvent être fragiles. Et sur ce but, il y a un certain nombre d’erreurs côté gauche puis une faute très évitable. Le haut niveau réclame une concentration de tous les instants. Si on se concentre seulement sur le premier quart d’heure de la seconde période, il va nous en manquer aussi. Le foot de haut niveau réclame cette concentration, cette rigueur de tous les instants et c’est vrai qu’en ce moment, on ne l’a pas à tous les instants.
Avez-vous le sentiment que Lens a plus à perdre que Lille ?
Ce que je veux, c’est que mon équipe se lâche complètement, qu’elle prenne du plaisir. Contre Nantes il y a 10 jours on avait fait un match plein à tous les niveaux (3-1). J’avais vu une équipe hyper enthousiaste et c’est ça que j’attends de mon équipe. Je ne sais pas à quelle on va terminer, mais ce qui est certain c’est que si on a ce plaisir, cette volonté d’envoyer, il y aura toujours de belles surprises. Si on est un peu sur le frein à main, qu’il y a un peu de moins de choses, même pas beaucoup, on sera à une place plus attendue en début de saison et certainement pas à une place qu’on occupait depuis le début de la saison. Sur la construction, l’animation, il y a toujours de la qualité, mais il faut que cette qualité, elle se poursuive jusque dans les gestes finaux. Ça, parfois quand même, ça peut être lié à justement un peu de confiance, de pression, de se dire qu’on a ce classement là… C’est pour ça qu’à la fin nous aurons la place que nous mériterons. J’espère qu’on va s’améliorer encore par rapport aux 2 premières années, mais je ne veux pas que les joueurs se mettent cette pression en se disant : « il ne faut pas qu’on loupe ». Non, soyons, actif, proactif, c’est ça le plus important.
Sentez-vous un agacement monter face au manque d’efficacité qui se répète ?
Quand vous ne gagnez pas des matches que vous maîtrisez, que vous devez gagner, il y a toujours un peu d’agacement et de frustration. Dans le cas contraire, je serais plus inquiet. Là il y aurait un vrai problème, mais j’ai des vrais compétiteurs autour de moi, j’en suis un, évidemment qu’il y a de l’agacement, mais une fois qu’on a dit ça, c’est la suite. Quand je suis sorti de l’avion, j’ai été agacé pendant 2h puis j’étais déjà dans le match de samedi.