Bollaert a 90 ans ce dimanche. 9 décennies qui l’ont vu devenir une place incontournable du football français et le socle de l’évolution du RC Lens.
Après 18 mois de travaux, on inaugurait le 18 juin 1933 le stade des Mines, à Lens, sur un terrain acheté par la Compagnie des mines pour offrir au RC Lens, en pleine montée en puissance, un vrai domicile à la hauteur de son standing naissant. Sans doute les 180 à 200 mineurs qui ont donné de leur personne pour faire naitre cette enceinte ne se doutaient pas qu’ils étaient en train de contribuer à la naissance d’un lieu sacré du football français… Le stade ne s’appelait pas encore Félix-Bollaert, ce qu’il deviendra en 1936 pour rendre hommage au directeur de la compagnie des mines après son décès, puis Bollaert-Delelis, après la disparition en 2012 de l’ancien maire André Delelis. Et l’ouvrage mené par Auguste Hanicotte et Gustave Spriet ne ressemblait pas non plus au Bollaert que l’on connait aujourd’hui.
Bien avant de disposer de ses 4 emblématiques tribunes séparées et proches du terrain après les travaux de l’Euro 84 qui lui vaudront d’être considérés comme un « stade à l’anglaise », Bollaert a connu des vrais virages. Il a aussi vu sa capacité évoluer à de nombreuses reprises montant jusqu’à près de 50 000 personnes après le championnat d’Europe (avec ce fameux record de 48 912 spectateurs atteint le 15 février 1992 lors d’une victoire 2-1 contre l’OM), avant de baisser à 41 200 sièges suite à l’abolition des places debout lors des travaux de 98, puis de baisser encore à 38 223 places après les travaux de l’Euro 2016, faute d’avoir pu mettre le stade aux normes tout en agrandissant le bloc Marek-Xercès, comme le prévoyaient les plans initiaux. Encore officiellement en phase de test, le retour des places debout, un véritable cheval de bataille engagé dès 1998 par le CRAB (Comité pour le retour de l’ambiance à Bollaert), ouvre aujourd’hui la voie, à terme, à une hausse de la capacité même s’il faudra sans doute encore patienter un peu pour que le club soit autorisé à augmenter la capacité de ses espaces debout au-delà du nombre de sièges initialement présents.
Ce qui fait l’âme de Bollaert, c’est bien le public qui le fréquente. Bel ouvrage, Bollaert n’aurait pas la même aura sans les chants incessants, cette ferveur et ces couleurs Sang et Or qui effacent ce gris un peu fade hérité des travaux de l’Euro 2016, que la direction actuelle cherche à effacer peu à peu à travers plusieurs idées (plaques Aux Noms de Bollaert aux couleurs Sang et Or, fresques…). Bollaert est aujourd’hui une cathédrale du football français. C’est bien Bollaert et son public, cette aura née des grandes soirées foot en Artois, qui ont permis au club de rester si attractif même dans ses pires années sportives. Il y en a eu des grands moments à Bollaert… Ce 6-0 contre la Lazio, ce record d’affluence en D1 de 1992 qui aura tenu jusqu’à l’agrandissement du Vélodrome de Marseille pour le Mondial 98, l’Euro 1984, la Coupe du monde 1998 et ce but en or de Laurent Blanc dans un irrespirable France-Paraguay, cette célébration en pleine nuit au soir du titre de champion de France quelques semaines plus tôt… Et après des années sombres, Bollaert retrouve le droit de vibrer à travers les exploits des hommes de Franck Haise. Sans aucun doute l’un des plus beaux endroits de France pour voir du football, à tel point que la LFP et les chaines de télévision ne se privent pas de le mettre en image pour enjoliver la promotion de la Ligue 1. Un stade qui va redécouvrir les ambiances européennes à l’occasion de ses 90 ans, avec un retour par la grande porte, en Ligue des Champions. Même si on se souvient de quelques soirées européennes à l’ambiance un peu crispée, nul doute qu’après tant d’années d’attente, avec ses plus de 38 000 voix, ce bon vieux Bollaert sera à la hauteur ! Et ce pour quelques décennies de plus.