Il s’agit d’un chiffre alarmant ! La Société Protectrice des Animaux (SPA) comptabilisait dans ses 63 refuges répartis dans toute la France 8 268 pensionnaires à la date du 30 juin 2023, contre 7 983 en 2022 à la même période, sans oublier les 1 500 chatons placés en famille relais. Le chiffre est plus important encore en France si on comptabilise tous les refuges du pays et pas seulement ceux gérés par la SPA. « Les refuges sont totalement pleins. Les animaux les plus abandonnés sont les chiens, les chats, les nouveaux animaux de compagnie comme les lapins et les hamsters et les chevaux (…). Cette année, très souvent, le mobile invoqué par les propriétaires était la difficulté à subvenir aux besoins de leur animal, du fait notamment du coût de la nourriture et des soins, impossible à financer compte tenu de l'inflation », précise la SPA dans un communiqué. Le chiffre a continué à grimper. La directrice de la SPA a indiqué qu’il y avait désormais 8 800 animaux dans ses refuges, soit 1 400 de plus que leurs capacités.
Dans l’Artois, les refuges ne désemplissent pas
Cette tendance nationale se confirme dans l’Artois où les refuges débordent. « Ce n’est plus seulement l’été mais toute l’année », déclare Marjorie Copin, bénévole depuis 5 ans au refuge de Vermelles, entre Lens et Béthune. Si chaque année, on parle d’une hausse d’abandons d’animaux l’été, la situation est désormais critique toute l’année ! « Nous sommes pleins depuis quelques mois. Nous avons un peu plus de 30 chats et 40 chiens au refuge sans oublier les 70 chats dans les familles d’accueil. Nous sommes saturés… En plus, des gens déposent des cartons avec des chats devant le refuge ». Les faits s’étaient déroulés début juin, les équipes du refuge ont alors exprimé leur ras-le-bol sur les réseaux sociaux, dénonçant le comportement irresponsable des propriétaires. « Les gens n’en ont rien à faire. On voit aussi des chiens attachés à des poteaux devant le refuge, les personnes l’abandonnent en pensant qu’on peut ensuite s’en occuper. Cela fait 5 ans désormais que je suis au refuge et selon moi, c’est de pire en pire. Aujourd’hui, les gens sont obligés d’attendre un ou deux mois pour qu’une place se libère au refuge », constate Marjorie Copin.
Des propriétaires d’animaux pas inquiétés
Cette situation interroge… comment peut-on adopter des animaux pour ensuite les abandonner ? À cause de l’inflation et de la hausse des prix des aliments pour animaux comme l’explique en partie la SPA ? En raison des départs en vacances ? Quelle que soit la raison, Les équipes du refuge évoquent également un autre problème. S’ils dénoncent le mauvais comportement des propriétaires, ils sont aussi lucide sur le fait qu’ils seront difficilement mis en cause. La loi prévoit qu’un abandon d’animal est considéré comme un acte de cruauté puni d’une amende de 30 000 euros et de deux ans d’emprisonnement. « Le problème, c’est que nous retrouvons peu de chiens identifiés », souligne la bénévole du refuge de Vermelles. Dans ces cas là, il est difficile de retrouver les propriétaires. « Quand les chiens arrivent au refuge et qu’ils ne sont pas réclamés, on les puce et on les vermifuge. On effectue aussi une opération de castration ou de stérilisation pour éviter une prolifération des espèces. »
À Tilloy-les-Mofflaines, près d’Arras, le refuge affiche complet également depuis plusieurs mois. En France, en moyenne, on compte près de 100 000 animaux abandonnés par leur maître dans un refuge ou sur le bord de la route chaque année, dont 60 000 durant les grandes vacances. La SPA alerte sur cette situation et rappelle « qu’adopter un animal, c’est en sauver deux car vous libérez une place. »