Une nouvelle pièce vient compléter le puzzle de l’Histoire d’Arras. Un sarcophage en plomb datant du IVe siècle a été récemment restauré et sera visible ce week-end pour les Journées du Patrimoine. Sa découverte remonte à l’été 2020, lors de fouilles préventives réalisées avant le chantier d’un magasin, rue Georges Auphelle. Extraire, stocker et restaurer la sépulture a été un travail colossal et très minutieux qui a duré trois ans. « Trouver des experts compétents et disponibles est difficile », explique François-Xavier Muylaert, conseiller municipal au patrimoine architectural et historique et à l’archéologie.
Le sarcophage en plomb de près de 400 kg date de la fin de l’empire romain. Il est orné de simples croix, symboles d’une chrétienté déjà bien établie sur le territoire pour l’époque. Cette découverte à plus de trois mètres sous terre a été « un moment exceptionnel et très émouvant » pour Mathieu Béghin, responsable du service archéologique municipal de la Ville d’Arras. En parallèle, une nécropole avec une centaine de cercueils a également été mise au jour. Le poids des années et surtout de la terre a malheureusement écrasé en partie la sépulture, mais le sarcophage a tout de même dévoilé quelques secrets enfouis…
Le sarcophage d’un inconnu socialement élevé
L’étude de ce sarcophage de plus de deux mètres de long permet d’en apprendre plus sur Arras à l’époque antique. A ce jour, seule une poignée de sarcophages en plomb datant de l’empire gallo-romain ont été retrouvés en France et dans la région, ce qui renforce le caractère rare de cette trouvaille archéologique. A l’intérieur du sarcophage, les archéologues ont retrouvé un squelette. Grâce aux études, l’identité du défunt est peu à peu dévoilée : « Il s’agit d’un homme âgé entre 25 et 35 ans, qui mesurait environ 1m75 », détaille Mathieu Béghin, avant de poursuivre « la quantité de plomb, un métal très rare à cette époque, et la présence de microfibres de fourrure sur les os nous laissent penser que cet homme était issu d’un statut social élevé ». Prochaine étape : des analyses ADN vont être réalisées sur le squelette pour déterminer son origine, les causes de sa mort et d’autres informations précieuses aux historiens, comme son régime alimentaire, par exemple.
Le sarcophage dévoilé au public uniquement ce week-end
Cette petite histoire alimente désormais la grande, celle avec un grand H. Le public aura le privilège d’en apprendre plus sur la découverte de ce sarcophage à Arras, lors des Journées du Patrimoine, ce week-end. Du début des fouilles, à la restauration du sarcophage dans la Somme, en passant par son extraction… Les visiteurs sauront tout lors de l’exposition ces 16 et 17 septembre, salle Robespierre, au sein de l’Hôtel de Ville d’Arras. Ils seront notamment guidés par la restauratrice du sarcophage, en personne. Après cela, l'objet retournera dans l’ombre dans un lieu tenu secret. « C’est le moment ou jamais de voir à quoi ressemble un sarcophage antique. Ce n’est pas celui de Toutânkhamon, mais tout de même ! », s’amuse François-Xavier Muylaert, qui espère encore assister à d’autres découvertes majeures pour Arras. Le sarcophage, exposé sans le squelette, devrait être à nouveau exposé sur le site archéologique de Nemetacum, mais il faudra attendre quelques années.