C’est l’une des conséquences de la flambée des prix à la pompe : les vols de carburant sont de plus en nombreux ces dernières semaines dans la région selon les forces de l’ordre. Un constat partagé par la Fédération Nationale des Transports Routiers du Pas-de-Calais, qui compte quelque 350 entreprises adhérentes, soit environ 11.000 véhicules. Les poids-lourds sont particulièrement concernés par le siphonnage de carburant. « Nous n’avons pas de chiffre précis, car beaucoup de nos entreprises ne portent pas plainte », explique Sébastien Rivera, secrétaire général de la FNTR du Pas-de-Calais. Un phénomène sous-évalué car « il y a une forme de fatalité chez les transporteurs. Sans vidéo ou possibilité d’identifier les voleurs, il n’y a pas de suites judiciaires », poursuit-il.
Les auteurs eux, ont souvent le même procédé. Ils visent les aires d’autoroute la nuit, ou alors les axes secondaires peu éclairés le soir. Ils se placent ensuite près des camions stationnés et profitent de l’absence des chauffeurs pour se servir. « Un réservoir de poids-lourd peut contenir jusqu’à 1.000 litres de carburant. A deux euros le litre, faites le calcul ! », ironise Sébastien Rivera. Le carburant représente en moyenne 30 % des charges des entreprises du transport routier. Face à ces pertes importantes, les entreprises n’ont pas d’autres choix que d’investir.
Plus de sécurité dans les parkings et aires de repos
S’il n’existe pas encore de recette miracle pour éviter les siphonnages, les entreprises ont tout de même quelques cartes à jouer. Elles misent sur la sécurité et n’hésitent pas à équiper leurs camions pour dissuader les voleurs de repartir avec un gros butin caché dans un jerrican. Vidéosurveillance, bouchons sécurisés sur les réservoirs… Tous les moyens sont bons pour limiter la casse. La vigilance est aussi le maitre-mot à chaque déplacement. La consigne : se garer sur les parkings sécurisés, mais « ils ne sont pas assez nombreux », reconnait le secrétaire général de la FNTR du Pas-de-Calais.
Pour Sébastien Rivera, la solution serait aussi de déployer plus de forces de l’ordre pour faire des rondes sur les aires de repos ciblées par les malfaiteurs, « mais il ne faut pas rêver, on ne peut pas mettre un policier derrière chaque poids-lourd ! », admet-il. « On fait ce qu’on peut, mais on sait que le risque existe, et qu’il va continuer d’exister. »