Comment stopper l’envoi de colis vers la maison d’arrêt de Béthune ? Services de l’Etat, municipalité, administration pénitentiaire, élus, procureur de la République… tous s’étaient déjà réunis autour de la table en septembre 2022 pour tenter de trouver une solution à cette pratique devenue monnaie courante. Si cette problématique est inhérente aux prisons situées dans le centre-ville, le phénomène s’est surtout accentué à Béthune et a pris une tournure dramatique quand un jeune missileur est décédé après avoir chuté du toit de l’école Pasteur.
Quelle situation un an plus tard ?
Un an plus tard, les mêmes acteurs se sont retrouvés à l’hôtel de ville de Béthune. Les jets de colis se sont-ils arrêtés ? Non et le sujet est même régulièrement au cœur de l’actualité. Le 11 septembre mais aussi vendredi dernier, des colis étaient encore retrouvés dans l’enceinte de la prison par les forces de l’ordre. Drogue, alcool, téléphones portables … La police retrouve de tout. « Il y a eu 100 interpellations de missileurs depuis juin 2022 », souligne Jacques Billant, préfet du Pas-de-Calais. Ces arrestations ont débouché sur « dix-huit affaires traitées dont quinze qui ont fait l’objet de poursuites : quatre devant le juge des enfants et onze devant le tribunal de grande instance », ajoute de son côté Thierry Dran. Le procureur de la République annonce une intensification « des contrôles de véhicules et des ouvertures de coffres ». Enfin, il précise qu’un groupement local de traitement de la délinquance sera créé pour évoquer la situation de la maison d’arrêt de Béthune. Ce dispositif a été créé à Courrières après la fusillade qui avait éclaté en mai 2023 en plein centre-ville.
Des travaux engagés
Au mois de septembre, de nombreux individus se sont introduits dans l’école Pasteur dans le but de procéder à des jets de colis vers la maison d’arrêt de Béthune. Excédés, les parents d’élèves ont manifesté. Une pétition, qui a recueilli 8 200 signatures, a été adressée à l’administration pénitentiaire. Le préfet a confirmé que 810 000 euros de budget ont été alloués à la sécurisation de la prison, dont 400 000 euros qui serviront à des travaux d’urgence. « Ils sont nécessaires mais pas suffisants », souligne Jacques Billant. « Nous devons aussi en parallèle engager des travaux de sécurisation de l’école ». Sur ce sujet, il annonce qu’un audit sur des préconisations de travaux a été validé par le maire de Béthune. Olivier Gacquerre affirme que des bavolets (grillages) seront déposés pour empêcher des individus de pénétrer au sein de l’école. Les travaux devraient débuter en novembre.
Pourquoi les travaux ont pris du retard ?
Présente à la réunion ce jeudi matin, Aurélie Leclercq, secrétaire générale de la direction interrégionale des services pénitentiaires, annonce que l’apparition de « fissures dans un pignon » a été à l’origine du report des travaux prévus au sein de la maison d’arrêt de Béthune. Cependant, elle affirme que des travaux vont être engagés d’ici la fin de l’année. « Il y a actuellement des caillebotis sur les fenêtres de cellules, elles empêchent les détenus de se passer des objets de cellules en cellules. Certains vont à la pèche aux colis tombés au pied des bâtiments avec des grappins fabriqués de manière artisanale. On va poser des nouveaux caillebotis avec de l’inox pour empêcher les détenus de récupérer des colis ».
En plus des travaux, Olivier Gacquerre, maire de Béthune, a donné plus de détails sur le lancement de la « smart alert », comme il l’appelle. « Dès qu’il y aura une intrusion dans l’école, un personnel présent appuiera sur le bouton et cela va déclencher une surveillance via le centre de supervision urbain, lieu où sont situés les écrans qui permettent de visualiser en direct les caméras. Nous dépêcherons une patrouille sur place de suite et nous aurons une preuve avec les images. »
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Je l'espère sera positive