« Papa, c’est à l’école là qu’il y avait le méchant ? » Ce samedi, au lendemain de l’attentat qui a coûté la vie à Dominique Bernard, professeur de lettres, les Arrageois étaient nombreux a convergé vers l’entrée du lycée Gambetta. Toute la journée, sans interruption des élèves, des parents, des enseignants, des habitants, toutes les personnes touchées, sont venus déposer des fleurs sur les marches d’entrée de l’établissement.
Vive émotion
Les larmes étaient nombreuses sous les joues, les yeux souvent dissimulés derrière de grosses lunettes noires. Devant le lycée, on se rassemble, on parle. C’est notamment le cas de ces trois jeunes filles qui s’apprêtent à aller déposer une rose. Elles viennent de croiser l’un des surveillants du lycée. C’est la première fois qu’ils se revoient depuis l’attaque puis la panique d’hier. « On est venu ici cet après-midi parce que ça nous semblait naturelle, souligne Julie. Et du coup, on voit qu’on n’est pas les seuls à être venu. Je pense qu’on a besoin de se voir, de parler de ce qu’il s’est passé. »
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Toute la journée aussi, des professeurs et des élèves se sont succédé entre les murs de la cellule d’aide psychologique. La protection civile était sur site afin d’accompagner tous ceux qui ont été touchés de près ou de loin.
Des professeurs profondément touchés
En fin d’après-midi, ce sont des centaines de fleurs qui sont posées là. Plusieurs jeunes enfants sont présents. On reste de longues secondes devant les marches pour se souvenir de Dominique Bernard. Mais aussi pour avoir une pensée pour les trois autres blessés, qui se sont interposés face à l’assaillant. Aurélie Dubois, professeur en maternelle à Avion est venue lui rendre hommage, avec beaucoup d’émotions dans la voix. « On se sent touché parce que c’est notre profession qui est attaquée. C’est ce qu’on représente. Ce sont les valeurs que l’on essaye de transmettre. Nos modes de vie. Je voulais venir aujourd’hui pour lui rendre hommage et puis avoir une pensée pour les élèves qui doivent être extrêmement choqués et affectés. On a l’impression que trois après, on se retrouve dans la même situation. C’est très triste. Je pense que les jours prochains vont être très durs. »
Aurélie, comme d’autres professeurs devront prendre la parole et accueillir les élèves pour discuter de ce qu’il s’est passé. « Je suis professeur en maternelle. Je m’attends peut-être à ce que les enfants aient entendu des choses parce qu’à la maison, on entend la télé, on entend la radio. Je suis plus dans l’optique de laisser venir, de voir si j’entends quelque chose, d’écouter les enfants. En ensuite d’éventuellement de démêler un peu les choses. Mon mari est aussi professeur, avec des élèves plus âgés, on n’a pas vraiment préparé notre intervention lundi. Je pense que l’essentiel ce sera d’écouter ce qui va être dit. D’accepter le fait que certains ne parleront pas ou peut-être plus tard. Juste être là pour les écouter. »
Un rassemblement demain
Demain, dimanche, un rassemblement se déroulera à 11h au pied du beffroi d'Arras. « Celles et ceux qui le souhaitent pourront déposer des fleurs. La sirène de la ville retentira lors de ce rassemblement », précise la ville d'Arras et la Communauté Urbaine d'Arras.
Sincères condoléances à la famille