HorizonActu : Frédéric Leturque, vous avez martelé à plusieurs reprises ces mots : « la ville a été digne ». Qu’entendez-vous par là ?
FL : J’ai observé une grande capacité de la ville à dépasser des faits horribles et cet attentat indigne. Depuis le 13 octobre, les Arrageois ont su être présents aux côtés de la famille par leurs gestes et leurs mots. Je pense au rassemblement sur la Place des Héros et aux obsèques de Dominique Bernard. Je suis fier de ma ville ! Être capable d’encaisser un coup aussi difficile en essayant de continuer à travailler ensemble pour aller de l’avant, c’est quelque chose que toutes les communes de France doivent avoir. Le gouvernement a aussi pris ses responsabilités sur le plan Vigipirate.
Avez-vous pris des décisions concernant la mise en sécurité des établissements scolaires pendant les vacances scolaires ?
FL : Nous faisons régulièrement des visites de sécurité de tous les établissements qui accueillent du public. On a repassé en revue nos écoles et nous avons déjà investi pendant les vacances. Nous devons continuer à vivre dans une société qui se sent en sécurité. Donc nous devons poser un cadre de sécurité visible et rassurant.
Vous avez annoncé un renforcement de la sécurité dans les établissements scolaires. À quoi s’attendre à partir de lundi, jour de la rentrée scolaire ?
FL : Pour lundi, des choses ont été mises en place en plus des mesures déjà prises. On va mettre en place un plan capable de gérer les urgences pendant le temps scolaire et périscolaire. Il y a des ajustements sur lesquels nous avons travaillé. Le plan de sécurité d’une école doit être compris par la communauté éducative mais aussi par les parents. Car il y a des plans d’urgence où on est amené à aller chercher les enfants et d’autres où on est amené à confiner dans les écoles. Il ne faut pas que les parents, par un geste normal, essaient de récupérer leurs enfants alors qu’ils sont en sécurité dans une école.
« Nous avons prévu un système de bouton d’urgence. Il sera relié au centre de vidéoprotection de la ville et les services de sécurité et de police pourront intervenir rapidement sur le lieu de l’urgence. »
Vous avez annoncé un investissement à hauteur de 500 000 euros afin de sécuriser les établissements scolaires. Concrètement, qu’est-ce qui sera mis en place ?
FL : De manière concrète, nous avons vérifié l’ensemble des sonnettes et des visiophones des écoles. Nous avons vérifié que l’ensemble des portes et des fenêtres puissent être fermées avec des verrous. On a essayé de renforcer l’organisation des accès et de revisiter l’ensemble des écoles. En cas de confinement, nous devons être en mesure d’obstruer la visibilité qu’on peut avoir de l’extérieur des bâtiments. On faisait déjà ces vérifications mais elles ont été accélérées. D’autres mesures seront aussi prises jusqu’à la fin de l’année. Nous avons investi 500 000 euros en matière de sécurité dans les écoles, ce n’est pas neutre. Nous avons prévu un système de bouton d’urgence, ce qui a déjà été mis en place à Nice (ville marquée par un attentat le 14 juillet 2016, ndlr). Ce bouton sera relié au centre de vidéoprotection de la ville et les services de sécurité et de police pourront intervenir rapidement sur le lieu de l’urgence.
Au-delà des établissements scolaires, comment réussir à sécuriser les grands événements sur Arras ?
FL : Concernant les autres événements, l’Arras Film Festival, la Ville de Noël, le Main Square… nous aurons des policiers et les forces de Sentinelle en mouvement. Il s’agira de garder une présence dynamique pour dissuader et rassurer. Quand on est posté à un endroit unique, on le sécurise mais pas les alentours, d’où la nécessité d’avoir une patrouille dynamique.
Pendant l’entretien, Frédéric Leturque a aussi affirmé que la famille de l’assaillant « ne vit plus et elle ne vivra plus à Arras, ni autour ». Il ajoute qu’il ne considère pas Mohammed Mogouchvok comme « un enfant d’Arras », et précise : « une maire m’a confié que la famille devait aller dans sa commune à la base. Il n’y avait pas de logement adapté. Cette famille aurait pu atterrir n’importe où ». La mère de l’assaillant a annoncé qu’elle était logée dans une chambre d’hôtel par une association. La sœur du mis en cause, elle, a été placée par l’aide sociale à l’enfance.
Propos recueillis par Géraud Lefebvre.
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