HorizonActu : Henri Leconte, vous êtes de retour chez vous à Lillers pour dédicacer votre livre « Balles Neuves ». C’est votre 3e livre. Quel est le synopsis ?
Je suis très fier de retourner à Lillers parce que je n’y suis pas retourné depuis longtemps. J’ai reçu à l’époque la médaille de la ville. C’est le livre le plus important pour moi. Je travaille sur cette œuvre depuis deux ans. Il était essentiel pour moi d’assumer et d’accepter plusieurs choses dans ce livre. À 60 ans, on mûrit et on accepte ce qu’il s’est passé.
Quand vous dîtes « accepter plusieurs choses », qu’est-ce que cela signifie ? Vous repensez à votre passé de sportif où il est difficile d’accepter certains événements ?
Bien sûr, je repense à des rencontres importantes dans ma vie qui m’ont permis d’être 5e mondial, de gagner la Coupe Davis ou encore de remporter le double avec Yannick Noah en 1984 à Roland Garros. On vit des choses positives mais éphémères. Les douleurs, elles, nous font avancer et mûrir mais vous le comprenez plus tard après avoir travaillé sur vous-même. L’écrire permet d’évacuer certaines choses. Ce n’est pas une thérapie mais pas loin.
Quels ont été les souvenirs douloureux et a contrario les moments de bonheur que vous évoquez dans le livre ?
Chaque année, je pleure quand j’arrive à Roland Garros, car j’ai raté la dernière marche (Henri Leconte a perdu en finale en 1988). La douleur est là mais elle est positive, on assume. On passe l’obstacle avec plus de sérénité. Ça a toujours été un moment difficile. On préfère perdre en demi-finale qu’en finale. 1988 a été une année éprouvante mais cela m’a permis d’aller chercher des choses extraordinaires pour 1991, je le raconte dans le livre.
Evoquez-vous votre après carrière dans ce livre ?
Oui, même si cela fera l’objet d’un quatrième livre. Il faut savoir que la retraite d’un sportif est considérée comme la petite mort. On est sportif de haut niveau, on est sur le devant de la scène, on a marqué l’histoire de son sport et ensuite, une fois la carrière terminée, on ne vous appelle plus. C’est terminé, on vous oublie. Heureusement, j’ai travaillé avec France Télévisions et Eurosport, ce qui m’a permis d’être toujours présent. L’après carrière est importante, il faut prendre le bon chemin pour être heureux !
Les habitants de Lillers ne vous ont pas oublié ! Qu’est-ce que cela représente pour vous de revenir dans votre commune d’enfance ?
Il y aura beaucoup d’émotion. Mes parents sont encore là. Je revenais souvent pour les fêtes et on allait à la ducasse près de la mairie (rires, ndlr). Les racines, c’est important. Je suis né à Lillers, oui, mais surtout dans le même lit que mes frères et sœurs. Plus on vieillit, plus on revient à ses racines. J’ai encore des amis à Lillers, Béthune, Boulogne-sur-Mer et Valenciennes. J’aurai beaucoup d’émotion, c’est sûr !
Le titre de votre livre « Balles neuves » évoque-t-il un sentiment de nouveauté ?
Détrompez-vous, c’est une continuité ! On dit « balles neuves » mais on est dans le même match et la vie se poursuit. Je ne renie pas mon passé, bien au contraire. J’accepté ce que j’ai vécu. J’ai fait certaines choses, peut-être qu’avant je me cachais derrière. Là, c’est moi.
Quel est votre regard sur le niveau du tennis français actuel ?
Nous sommes dans un virage. Deux joueurs français font parties du TOP 20 en cette fin d’année. On a cette chance là. Il ne faut pas se précipiter, c’est très français de se précipiter et de se dire ils seront champions du monde. Ce sont des personnes qui doivent se préparer pour préparer un grand chelem. À eux de travailler pour faire les efforts nécessaires pour passer un cap supplémentaire. Sur les femmes c’est pas mal aussi.
Propos recueillis par Géraud Lefebvre
Pour ceux qui désirent participer à cette séance de dédicaces, il est préférable d’appeler au 03-21-54-72-78 avant de se rendre sur place.