La loi immigration, votée ce mardi 19 décembre en soirée, continue de faire couler de l’encre. Dans un communiqué commun, Sylvain Robert, maire de Lens et président de la CALL (Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin) et 35 autres édiles dénoncent le contenu de la loi immigration.
Parallèle avec l’histoire
En 1919, un évangéliste débarquait en France depuis l’Italie, de la Lombardie. Avec sa femme, ils n’arrivaient plus à subvenir à leurs besoins les plus essentiels. La France cherchait des travailleurs pour reconstruire et moderniser. Evangéliste fut donc engagé comme maçon pour faire renaître des villes, des maisons, disparues de nos paysages à l’issue de la Grande Guerre. Vient ensuite l’histoire de Wladislow, un mineur polonais, frappé par le Krach boursier de 1929 qui se retrouve au chômage. Il a tout quitté pour ouvrir son commerce de pâtisseries polonaises qui a toujours pignon sur rue dans l’une des communes de la CALL. Les élus ont également rappelé l’histoire d’Hamid, qui a quitté le soleil de l’Atlas pour l’ombre des terrils en 1954.
« Qu’ils soient Belges, Algériens, Polonais, Italiens, Marocains et autres, des hauteurs des Collines de l’Artois pour défendre notre liberté, jusque dans les profondeurs des fosses, empreints de fraternité, ils se sont installés chez nous, avec nous, pour répondre aux besoins de l’exploitation du charbon, à la nécessaire reconstruction d’après guerres et à contribuer à l’expansion économique de notre pays »,en multipliant ces histoires de vie, les élus estiment que « le 19 décembre 2023, c’est un véritable piétinement à cette histoire qui a été voté. C’est un coup de massue qui a été donnée aux héritiers d’Evangéliste, Wladislow, Hamid et tant d’autres. »
Contre cette loi
Les maires estiment que « cette loi immigration va affecter les vies de milliers de personnes. Elle va miner les principes de notre modèle social universel en mettant en œuvre la préférence nationale (…) Elle heurte nos convictions humanistes et universalistes et est contraire aux principes républicains qui font la fierté de la France, forts de nos valeurs de solidarité, de liberté, d’égalité et de fraternité, nous, Maires de l’agglomération de Lens-Liévin, estimons que ce texte est honteux et infamant pour notre histoire ». Leur espoir : attendre la décision du Conseil Constitutionnel.
32 départements contre cette loi
32 départements, dirigés par des partis de gauche dont le Pas-de-Calais, font front à la loi immigration. Le texte prévoit notamment de conditionner les aides sociales. Concrètement, les étrangers qui ne travaillent pas devront attendre avant d’être éligibles à une aide. La règle sera de trente mois pour les travailleurs. Les départements de gauche s’opposent à cette mesure et ne veulent pas appliquer cette disposition. De son côté, Martine Aubry, maire socialiste de Lille, souhaite que sa ville reste « une terre d’hospitalité et de solidarité. »