Après l’émotion, place aux revendications ! Depuis mercredi, les surveillants pénitentiaires se mobilisent par solidarité envers leurs deux collègues tués mardi dans l’Eure, lors de l’attaque d’un fourgon pénitentiaire. L’intersyndicale a donc décidé de bloquer les prisons. À Béthune, Arras ou encore à Vendin-le-Vieil, les entrées et sorties étaient impossibles. Seules les promenades des détenus ont été autorisées. Les surveillants eux, ont alerté sur le manque de sécurité. John, secrétaire local adjoint de l’UFAP, estime que les agents ne sont pas assez protégés pendant leur mission. Il a aussi évoqué un autre problème : la surpopulation carcérale.
Un nouveau record du nombre de détenus en France, situation compliquée à Béthune
D’après les derniers chiffres publiés par le ministère de la Justice, en date du 1er mars 2024, 76 766 personnes sont incarcérées en France, soit 4 415 de plus qu’en 2023. À Béthune, « nous sommes à 218% d’occupation de la prison », selon l’UFAP, « soit 390 détenus pour 180 places. On a encore eu des bagarres pendant une promenade la semaine dernière. Et je ne vous parle pas des jets de colis, on en a une trentaine chaque week-end. On fait comment… il y a 10 agents pour 390 détenus. On a aussi une équipe locale de sécurité pénitentiaire. Ces agents ont fait 796 sorties l’année dernière pour aller au tribunal ou à l’hôpital. Ils ne sont que quatre. Nous réclamons deux agents supplémentaires », nous confiait John.
Face à cette situation de nombreuses voix se sont élevées pour tenter de régler le problème. Depuis plusieurs années, les élus locaux réfléchissent à déplacer la prison hors du centre-ville de Béthune. Cela pourrait permettre d’atténuer le phénomène des jets de colis et d’augmenter le nombre de places. Mais cela n'est pas (encore) d'actualité.
Un problème récurrent
Déjà en 2017, les surveillants alertaient sur un taux d’occupation qui avait atteint 188%. 339 détenus étaient recensés pour 180 places. À l’époque déjà, la question d’une maison d’arrêt en construction à Saint-Laurent-Blangy se posait. La commune aurait du recevoir la visite du ministre de la Justice. Eric Dupont-Moretti était attendu pour la cérémonie de pose de la première pierre de la future prison expérimentale de « responsabilité et réinsertion par l’emploi », appelée InSERRE. Une visite qui a finalement été annulée.