Alors que l’équipe de France de Cécifoot affronte la Turquie ce mardi soir (20h30) pour une place en demi-finale des Jeux Paralympiques après sa victoire 1-0 face à la Chine, puis une défaite 3-0 contre le Brésil, nous avons sollicité Michaël Derensy, entraîneur du RC Lens dans la discipline. L’occasion d’évoquer cet événement qui doit nourrir l’élan du cécifoot en France.
Lensois.com : Michaël Derensy, quelles sont aujourd’hui les chances de médaille des Bleus dans ces Jeux Paralympiques ?
On a des chances de médaille, mais encore faut-il faire un bon résultat contre la Turquie ce soir. Je pense que les plans étaient de finir 2e du groupe derrière le Brésil. Il faut absolument battre la Turquie, qui n’a pas encore gagné dans la compétition, en se méfiant de la Chine, qui pourrait aussi réaliser un exploit contre le Brésil, qui fera peut-être tourner son effectif dans l’optique de sa demi-finale. Après, ça restera aussi ouvert en fonction de l’autre groupe pour la demi-finale. Si on finit 2es, il faudrait alors affronter le 1er. On attendait l’Argentine, qui était ultra favorite de la poule, mais pour l’instant, elle n’est que 3e. Le Maroc et la Colombie font forte impression. Ça peut être ouvert. Ensuite, en demi, sur un match sec, ça ne se jouera pas à grand-chose. Il n’y a pas beaucoup d’écart dans ce tournoi, c’est très ouvert.
On sait qu’il y a une relation étroite entre l’équipe de France et le RC Lens. Elle est régulièrement venue se préparer en Artois…
Depuis 2018 et notre arrivée au RC Lens (le club a récupéré l’AS Violaines pour en faire sa section de cécifoot), il y a un rapprochement avec l’équipe de France. Il y a une relation privilégiée sur le plan logistique et affectif, mais pas technique, puisque nous n’avons pas de Lensois dans le groupe. L’équipe de France a un peu son quartier général à Lens, entre la Gaillette et le stade Carpentier, et nous, on est contents de pouvoir les accueillir pour la préparation de leurs différents objectifs (ndlr : pour les Jeux, les Bleus ont leurs quartiers au village olympique à Paris et profitent, comme les autres équipes, d’un 2e terrain près de la Tour Eiffel pour s’entraîner et s’échauffer).
« On devra, à court et moyen terme, savoir quoi faire dans les clubs avec les jeunes pour arriver à ce niveau technique »
En tant qu’entraîneur du RC Lens, avec quel regard suivez-vous ces Jeux ? Y a-t-il des choses intéressantes à en retenir pour les appliquer ensuite avec votre équipe ?
Il y a forcément des choses à prendre sur un plan technique ou tactique, sur les principes de jeu utilisés par les différentes équipes. Pour ce qui est d’essayer de faire la même chose, on en est quand même assez loin, parce qu’on est là sur du très, très haut niveau, mais je regarde pour connaître les tendances actuelles chez les équipes nationales. C’est l’occasion de s’interroger sur ce que l’on peut faire pour atteindre un tel niveau technique. On regarde les différentes possessions, on voit aussi qu’une équipe qui domine ne gagne pas forcément, comme lors du premier match de la France face à la Chine. Les Chinois dominaient avec une possession bien supérieure, mais on a pu ouvrir le score et le garder, même si c’était chaud jusqu’à la fin. On voit aussi l’importance de la supériorité technique, comme lors du match contre le Brésil hier soir, où on est à des années-lumière. On devra, à court et moyen terme, savoir quoi faire dans les clubs avec les jeunes pour arriver à ce niveau technique, à cette vitesse avec le ballon. Sur beaucoup de matches, la décision se fait sur cette qualité technique.
Ces Jeux Paralympiques pourraient-ils amener un élan supplémentaire autour du cécifoot en France ?
On doit s’en servir. On le voit avec des Coupes du monde de foot. Bien souvent, on observe une courbe croissante de licenciés dans les clubs. Il faut que nous aussi, on se serve de ça pour attirer de nouveaux jeunes et licenciés dans nos clubs.
« Je regrette un peu qu’on ait laissé le cécifoot national de côté pendant ce tournoi »
Quand vous regardez les différentes compétitions internationales de cécifoot, sentez-vous le niveau de jeu moyen de la discipline en progrès ?
Oui, ça progresse, même si le Brésil est toujours largement au-dessus. Depuis 2004 et l’arrivée du cécifoot aux Jeux Paralympiques, ils ont gagné toutes les éditions. Ils sont encore ultra-favoris cette année, même s’ils ne sont que 2es au classement mondial parce qu’ils ont perdu le titre de champion du monde (ndlr : l’Argentine est tenante du titre). Ça reste ouvert avec un Brésil au-dessus. Ils ont déjà mis 6 buts et sont largement dominateurs. Mais derrière, on voit des équipes qui progressent pas mal, comme la Colombie. L’Argentine montre aussi de belles choses, même si depuis le début du tournoi elle peine à marquer. Il y a le Japon un petit peu en retrait, mais le niveau se resserre, les pays travaillent vraiment bien pour se rapprocher du Brésil.
Un petit mot sur Lens pour conclure. Comment se déroule la préparation et en savez-vous plus sur le début du prochain championnat ?
On n’a pas encore de vision sur le prochain championnat, parce qu’avec les Jeux Paralympiques, tout est un peu en stand-by, malheureusement. Je le regrette, parce que les clubs ne doivent pas pâtir de ces Jeux. On devrait avoir connaissance des modalités du championnat, parce qu’on a aussi des budgets à préparer pour les déplacements, etc. Je regrette un peu qu’on ait laissé le cécifoot national de côté pendant ce tournoi. Il n’y a pas eu beaucoup de préparation et on ne sait donc pas quand se jouera le championnat : en novembre, en janvier, avec quelle composition… On ne sait pas. En tout cas, nous, on se prépare. On en est à notre 3e semaine, on a fait un petit stage de cohésion ce week-end et on va aborder une petite série de matches amicaux à partir du 21 à Précy-sur-Oise, le 28 à Charleroi, le 5 octobre normalement il y aura une opposition à Hazebrouck, puis fin octobre on doit recevoir Clermont. On va attendre patiemment que les instances nous mettent en place un championnat.