Un climat tendu flotte au-dessus du Relais Emmaüs de Bruay-la-Buissière. À peine le moteur de la voiture coupé, et à la vue de nos micros, un homme vient directement nous interpeller : interviews et caméras interdites. Une attitude qu’on pourrait qualifier de gênée et embarrassée compte tenu du scandale sexuel qui pointe le fondateur de l'association : l'abbé Pierre.
Des clients aux avis mitigés
Dès l’ouverture du centre en début d’après-midi, plusieurs personnes débarquent, à la recherche de la perle rare. André, client régulier, vient tous les jeudis avec sa femme. Oui, la polémique actuelle est gênante et même taboue, mais il n’a « rien à dire sur l’abbé Pierre ». Sophie elle, vient postuler pour travailler au sein de l’association. Cette dernière a beaucoup été aidée par Emmaus dans son enfance et fait la distinction entre la fondation et l’abbé Pierre. « C’est choquant, oui, mais je pense qu’il faut faire la différence entre le groupe Emmaus et son fondateur. C’est une personne qui a fait du mal, le groupe, lui, n’y est pour rien. »
« Ne pas oublier ce qu’il a fait »
Malgré les nouvelles accusations de viols et d'agressions sexuelles visant l’abbé Pierre, de nombreux habitués souhaitent retenir le positif de cet homme. C'est le cas de Michel, retraité. « Cet homme a fait de très belles choses dans sa vie. On ne peut pas lui retirer son appel du 1er février 1954 qui a permis aux institutions d’ouvrir les yeux sur la situation des sans-abris. » Un avis partagé par Sandrine. « Il faut aussi retenir tout ce qu’il a fait pour les plus démunis. Aujourd'hui, heureusement que ces associations existent pour les gens dans le besoin. »
La ville d’Arras prend position
Ce mercredi matin, la commune d’Arras annonce renommer la rue qui porte le nom du fondateur du mouvement Emmaüs. Dans un communiqué, la Ville se dit « solidaire avec les victimes ».
Arras emboite ainsi le pas à une autre Ville du Nord, Grande-Synthe, qui a annoncé ce mardi rebaptiser la place de l’abbé Pierre. Cette dernière avait été inaugurée en janvier 2015 après une importante opération de renouvellement urbain.
D'autres lieux portant le nom du prêtre vont être débaptisés un peu partout en France et probablement dans la région.
