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« Il faut un cessez-le-feu » : l’inquiétude d’un Arrageois né au Liban

Arras - St Pol. La guerre fait rage entre Israël et le Hezbollah au Liban. Le bilan des victimes civiles s’alourdit de jour en jour. Entretien avec un Franco-Libanais résidant à Arras.

« Il faut un cessez-le-feu » : l’inquiétude d’un Arrageois né au Liban
Des missiles lancés par l'armée israélienne sur le Liban - Shutterstock

Le Liban vit, depuis près d'un mois déjà, une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, mouvement chiite considéré comme une organisation terroriste. Les attaques de missiles se multiplient avec de nombreuses victimes civiles. Cette guerre fait remonter de mauvais souvenirs pour Ziad Khodr, Franco-Liabanais, arrageois et médecin urgentiste. Une partie de sa famille habite toujours dans le pays. Entretien.

HorizonActu : Votre terre natale est actuellement sous les bombes, comment vivez-vous ces événements ? 

"Je suis Franco-Libanais et j'ai passé toute mon enfance au Liban jusqu'à l'âge de 20 ans. J’ai vécu la guerre en 1975, avant d’arriver en France pour faire mes études de médecine. J’ai des valeurs humaines et humanistes, et oui, je suis en train de voir que mon pays natal passe des moments très difficiles qui peuvent mettre son existence en jeu, ça m’inquiète beaucoup."

Vous avez une partie de votre famille qui habite au Liban. Comment ça se passe de leur côté ?

"Ma famille est un petit peu loin des théâtres de combat qui se concentrent principalement dans le Sud. Ils résident dans une région à majorité chrétienne. Pour autant, récemment, une frappe a touché cette région avec de nombreuses victimes, donc, il est vrai que l’on est plus en sécurité n’importe où au Liban."

Justement, qu'est-ce que ça change pour votre famille ?

"Pour eux, c’est une crise de plus parce que le Liban traverse une crise politique, économique et financière. Oui, il y a une angoisse majeure. On se demande ce qui va arriver. Actuellement, les réfugiés venant du Sud viennent dans le Nord où ma famille habite. On est, en plus, à l'entrée de l'hiver et des saisons de pluie. Beaucoup de familles accueillent ces réfugiés chez elles et ils viennent s’installer dans les écoles aussi. Il y a actuellement une forme de solidarité.

Le problème particulier du Liban, c’est la fragilité de la vie communautaire. Il y a 17 communautés religieuses et on sait très bien qu’à un moment ou à un autre, il y aura une tension. C’est ce que je crains. Cela peut me faire revivre les affreuses années de la guerre civile. C’est pour cela qu’il est urgentissime d'avoir un cessez-le-feu afin d’avoir une paix juste et durable. Tous les peuples doivent vivre en sécurité. Le droit international doit s’imposer à la frontière avec Israël. Il faut protéger toutes les populations civiles. On ne gagne pas la guerre par les armes, mais par la paix.

J’ai deux frères qui sont au pays, et donc évidemment, ça me touche personnellement. Néanmoins, c'est tout le peuple libanais qui souffre et encore plus ceux qui sont au cœur des bombardements, ce sont des vies innocentes. Je ne peux plus accepter qu'on parle de dommages collatéraux. On ne parle pas d’objets, mais on parle d’êtres humains. Aujourd’hui, mes enfants se demandent s’ils pourront aller voir leur grand-mère et leurs cousins qui sont au pays. C'est une inquiétude, oui, mais pour moi, c'est secondaire. L’important, c’est d’épargner les vies civiles."

La France doit faire plus pour le Liban ?

"Vous savez, au Liban, on considère la France comme la mère patrie. Ça me fait mal de dire ça, mais j’ai l’impression que la France et l’Europe ne comptent plus dans les décisions internationales. Cela m'effraie. Aujourd’hui, il y a beaucoup de mots, mais pas d’actes."

Vous envisagez de vous impliquer dans de l’aide ?

"Oui, de l’aide avec du matériel médical parce qu’il y a énormément de blessés. Jamais il n’y a eu autant de blessés en si peu de temps. Les hôpitaux sont plus ou moins débordés. On est en train de s'organiser aussi sur une solution pour les réfugiés. Comment peut-on trouver des préfabriqués ? Je pense que c’est une priorité pour éviter les tensions entre les communautés et ne pas entrer dans une guerre civile. Cependant, et c'est notre vœu le plus cher, notre souhait, notre demande, il faut un cessez-le-feu juste et durable."

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