Il y a un an, le Pas-de-Calais vivait un épisode de crues intenses. Parmi les communes touchées, Saint-Venant dans le Béthunois. Plusieurs habitations ont subit des inondations en novembre 2023 et janvier de cette année. Du côté de la municipalité, on assure que toutes les dispositions ont été prises pour anticiper au maximum. André Flageolet, maire de Saint-Venant et président du Comité de bassin Artois Picardie nous répond.
HorizonActu : Après ces inondations, quel est le travail qui a été effectué ?
André Flageolet : "Le premier enseignement, c'est que l'État, l'Agence de l'eau et les collectivités ont travaillé vraiment main dans la main pour essayer de faire émerger des solutions durables. C'est un point qu'il faut souligner. Beaucoup de collectivités ont mis en place ce que l'on appelle les travaux d'urgence, que ce soit au niveau routier, au niveau rivière ou au niveau fossé. Il y a eu un travail considérable.
Je rappelle deux chiffres qui ont été donnés par le préfet. Sur l'ensemble du Pas-de-Calais, ce sont plus de 272 millions d'euros qui ont été investis pour pouvoir préparer l'ensemble des travaux de réparation d'urgence ou des travaux structurants. La deuxième chose, c’est que les assurances ont déboursé 446 millions d’euros pour indemniser les propriétaires ou locataires qui ont eu des difficultés et qui ont été inondés. Nous avons dégagé pour les années 2024 et 2025 toute une série de travaux structurants sur la Lys."
Pour autant, il reste beaucoup à faire ?
A.F : "En effet, il est clair qu’entre Aire-sur-la-Lys et Saint-Venant, il reste du travail à faire et il faut que les opérateurs qui ont en charge ce travail, à savoir la CABBALR (Communauté d'agglomération de Béthune Bruay Artois Lys Romane) et le SYMSAGEL (Syndicat Mixte pour le Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux de la Lys), se mettent au boulot. Le dérèglement climatique que nous connaissons rend de plus en plus urgente la réalisation d'opérations structurantes pour bien prévoir l'avenir et bien sécuriser les populations. Ce qui est constaté aujourd'hui, c'est que l'angoisse des personnes qui ont été inondées ou qui ont failli être inondées reste totalement présente."
Que dire aux habitants concernés ?
A.F : "Je pense qu'il faut leur dire 3 choses. La première, c'est que des travaux d'urgence ont été faits, mais cela ne résout pas tous les problèmes. Deuxièmement, des travaux structurants sont en cours de réalisation afin d'atténuer le risque. Et enfin, il faut leur dire que le dérèglement climatique fait que ce sont des phénomènes nouveaux auxquels il va falloir s'habituer.
Le point essentiel est la prise de conscience du risque par la population. La ville de Saint-Venant est en train de préparer ce qu’on appelle un PCS permanent (Plan communal de sauvegarde) où nous allons sensibiliser les populations à l’aléa climatique. Nous allons leur expliquer en quoi il faut prendre un certain nombre de précautions individuelles et collectives parce que le risque de nation est de plus en plus rapide et de plus en plus fort. Il faut que les gens soient préparés, sachent qu'il y a un avant, un pendant et un après, et c'est ça que nous essayons de mettre en place ici avec l'équipe municipale, les associations et les particuliers."
Pourquoi ces travaux mettent autant de temps ?
A.F : "Le premier problème, c'est la possibilité effective d'accéder aux zones de travaux. Les précipitations multiples et variées que nous subissons font que certains secteurs ne sont pas accessibles à des grues qui font 10, 15, 20 tonnes. Il faut donc que l’on attende. Ensuite, en France, nous avons un principe de respect absolu de la propriété privée. Or, pour réaliser un certain nombre de travaux, il faut pouvoir passer sur ces propriétés privées, voire accéder à la possession de ces propriétés parce qu'elles représentent un intérêt général. On s’aperçoit qu’il faut un temps fou avec la législation actuelle. Ce n’est pas simple. Il est sûr que, par exemple, dans le bassin de La Lys, certains travaux sont inscrits depuis 25 ans et ne sont toujours pas réalisés. C'est un travail énorme, mais il faut le faire, il faut s'atteler à la tâche."
Que peut-on donc faire à court terme ?
A.F : "À court terme, ici, nous nous organisons pour préparer le plus grand stockage que l’on puisse faire en mètres cubes d’eau qui tombent sur la ville. Les fossés, actuellement, sont au plus bas, nous avons anticipé. Ensuite, s’il y a un risque, nous informons immédiatement sur les réseaux sociaux. En cas d’alerte orange, nous mettons immédiatement en place une cellule de crise. 24 heures sur 24, les gens peuvent ainsi nous téléphoner, il y a toujours un élu ou un homme de service qui est présent pour répondre. Enfin, comme nous avons la connaissance des cartes, chaque fois qu’il y a un risque, nous avertissons les personnes de l’importance du risque et de la temporalité.
Ce que nous n'arrivons pas à maîtriser, ce sont tout simplement les apports sauvages qui viennent de l'amont, lorsqu'une digue vient à craquer ou lorsqu'il y a des rivières dont les bords s'écroulent ou s'ouvrent."