Un an après les grosses inondations qu'il y a eu ici dans la région, comment se portent les communes principalement touchées ?
Il y a eu beaucoup de réunions et on a déterminé des travaux d'urgence en accord avec les services de l'état. Donc, ce qui a fait que, malgré tout ce que ces communes avaient subi, les municipalités ont vu une réaction quand même assez importante sur la réalisation de travaux urgents au bord des cours d'eau. Tout n'a pas pu être fait aussi vite qu'on aurait voulu parce que les berges n'étaient pas accessibles. Mais aujourd'hui, on en est à peu près à 80% de réalisation des travaux d'urgence : désengorger l'environnement des cours d'eau, stabiliser les berges, enlever des embâcles, couper des arbres qui étaient gênants pour la circulation des courants, etc.
Quels sont les objectifs maintenant, à moyen et à long terme ?
Pour nous, il y a deux choses. Il y a ce qui est prévu avec le PAPI, le programme d’action de prévention des inondations, qui se termine logiquement en 2025. Le PAPI, ce sont tous les travaux structurant la création de bassins, etc. Début 2026, on aura terminé ce PAPI 3, un PAPI 4 est à l'étude actuellement pour améliorer certaines choses. Là, on regarde un petit peu vers le futur par rapport à ce qui s'est passé récemment. Ce qui a été retenu surtout, c'est de faciliter toute la partie administrative. Parce que pour effectuer des travaux comme des créations de bassins d'expansion, de crues, on est tenu à certaines autorisations. Il y a certaines enquêtes à réaliser sur la faisabilité, sur les conséquences de créer un bassin à un endroit, sur la biodiversité, etc. Ce sont des enquêtes qui prennent du temps. Et là, pour certains travaux, on a obtenu une facilitation des démarches. Ce qui va nous permettre d'avancer certaines réalisations qui étaient prévues pour 2025, pour 2024.
Concrètement, qu'est-ce que ça va changer pour les riverains ? Est-ce qu'ils peuvent être rassurés pour cet hiver ?
Alors là, je vais vous citer un exemple que je connais bien, puisque ça concerne ma commune. En 2016, on a eu 30 à 40 centimètres d'eau dans la partie basse de la commune. Dès lors, on a mis en place une zone d'expansion de crues sur Gosnay. Et en janvier, on a eu un niveau d'eau qui était à 2 centimètres en dessous du niveau de crues de 2016, et on n'avait pas d'eau dans les rues. Cela prouve que ce bassin a bien joué un rôle de retenue d'eau, puisque c'est un bassin qui peut contenir 320 000 m3. Là, il s'est rempli à 280 000, et on n'avait pas les pieds dans l'eau. Donc, là, les riverains, se sont rendus compte que c'était nécessaire. Ce bassin a fonctionné tant en retenue qu'en relâchement après les événements, puisqu'il s'est revidé dans les 2 à 3 jours après. Donc ça a était très efficace.
Là, on parle de ces problèmes hivernaux, des inondations. Est-ce que tous les aménagements que vous mettez en place également à l'heure actuelle peuvent permettre, sur des étés assez chauds, de réduire également les problèmes de forte chaleur et de canicule au niveau des sols ?
Ça, c'est tout le problème qu'on ne mesure pas complètement, les effets du changement climatique. L'année dernière, on était en sécheresse. Cette année, on ne mesure plus d'eau. On ne mesure pas. Par contre, ce qui est certain, c'est qu'on travaille également sur un volet de rétablissement des zones humides. Les zones humides, c'est un genre de grosse éponge qui existe naturellement et qui a un bienfait contre les inondations. On travaille surtout, c'est pour ça qu'on fait aussi ces fameuses replantations de haies dans les champs, éviter que tout ce qui est terre redescende dans les cours d'eau. Donc maintenant, on va dire que nos travaux sont suffisants et sont dimensionnés pour certains événements.
Combien ça coûte pour l'agglo tous ces travaux ? Vous vous sentez soutenu par le département, et par l'État ?
Ça coute cher. Soutenu, oui, moi je pense qu'on est soutenu, puisque pour la première phase, qui ont concerné les travaux d'urgence, l'État a participé à 70% des travaux. Donc on est bien soutenu. Et ensuite, pour les autres dossiers qu'on monte, on a toujours les possibilités des fonds, des subventions de l'Agence de l'eau. Pour résumer, il y a eu un gros boulot de fait pendant un an sur les sujets urgents, qui sont en train de se terminer, et après, comme je vous l'ai dis, on a un PAPI 4 qui va être mis en place. Mais ça n'empêche pas qu'on continue quand même ce qu'on faisait déjà avant. Parce que nous, tous ces bassins qu'on construit, on n'a pas décidé ça en décembre 2023, ni en janvier 2024. C'était déjà en cours, donc on continue. On a eu des aides pour les réaliser. On avait également des plans de restauration écologique des cours d'eau en cours. Certains pour 10 ans, certains vont se terminer, on va en refaire d'autres. Donc pour nous, ça n'a pas de fin. La lutte contre les inondations est dans le projet de territoire et elle sera continuelle.
On le voit en Espagne à l'heure actuelle, il y a une gestion de l'urbanisme qui est difficile parce qu'ils ne prennent pas toutes les données météorologiques en compte. Est-ce que vous avez aussi un rôle à jouer, vous, dans ces prévisions et dans le fait de prévenir des risques ?
Tous nos efforts sont nécessaires. On a des plans locaux d'urbanisme, les PLU, qui vont d'ailleurs passer PLUI. Donc toutes les règles sont fixées là-dedans. On a une zone qui est appelée bande de précaution. Ce qui signifie qu'on ne peut plus construire dessus. Et s'il y a modification ou quoi que ce soit, il faut que ce soit à des normes imposées.
Mais quelles conséquences ont les augmentations de ces événements-là ?
D'intensité, pour l'instant, on ne sait pas. Tout ce qu'on a pu voir, c'est qu'après cet événement de 2016, les ouvrages qui ont été calibrés ont répondu. On est sur une semaine où, normalement, on va, si je n'ai pas de bêtises, d'un point de vue météo, avoir assez peu de pluie, une petite pluie fine quand même. Mais les nappes sont déjà assez hautes.
Est-ce qu'on a de quoi être inquiet pour les prochaines semaines ? Est-ce que les riverains peuvent s'attendre à de nouvelles coulées ou débordements d'eau ?
C'est vrai que la situation par rapport à l'an dernier, elle est différente puisque les sols sont encore gorgés d'eau. Certains spécialistes prédisent que, même s'il tombe la moitié moins d'eau cet hiver que l'hiver dernier, à certains endroits, il y aura forcément des conséquences. Parce qu'on a vu, même à des endroits, des sources qui ne coulaient plus depuis quelques années, qui recoulaient. Certaines sont arrêtées maintenant, mais pas toutes. Donc le niveau d'eau est très, très remonté. Et puis, tant que ça descend dans les nappes phréatiques aussi, pour l'eau potable, ça prend du temps. On sera vigilant là-dessus. C'est pour ça ces travaux d'urgence vont être terminés dans les jours qui arrivent.