C’est le petit poucet de la région en Coupe de France. Le RC Labourse, club de district du Béthunois, va affronter au 7ème tour de compétition le club de Bobigny en région parisienne, qui évolue en National 2. Au stade Camille Tisserand de Noeux-les-Mines cinq divisions sépareront les deux clubs.
David Deville, entraîneur du RC Labourse, a vécu l’enfer avant d’accéder à ces résultats. L’année dernière, il a été victime d’un malaise cardiaque, et sauvé in extremis par un pompier prévenu à temps. Entre reconnaissance envers lui et considérations sportives en cette période faste pour le RC Labourse, David Deville est intervenu au micro d’Horizon, à trois jours du match.
Ce pompier qui vous a sauvé la vie, vous le côtoyez encore ?
Alors c'est quelqu'un qui est rentré dans la famille. On se voit minimum une fois par mois. Il était derrière mon banc encore contre Étaples, quand on a fait l'exploit de les éliminer en Coupe De France. Voilà, je ne pourrai jamais l'oublier ce monsieur. Il m'a sauvé la vie, il m'a massé pendant 19 minutes. Son garçon en plus, c'est lui qui est allé chercher son père pour lui dire qu'il y avait quelqu'un qui faisait un malaise.
C'est une belle histoire et je lui dois ma vie de m'avoir sauvé. Il a non seulement sauvé un père, il a sauvé un frère, il a sauvé un humain à qui malheureusement il lui arrive ça sans prévenir. Je n’ai jamais bu une goutte d'alcool. Je n’ai jamais fumé une cigarette. Moi j'ai vécu ça comme une punition.
Votre état d’esprit a changé après cet évènement ?
Avec le groupe, j'essaie de leur inculquer qu’il ne faut rien lâcher. Après cet événement, c'est aussi pour moi une revanche, c'est une revanche pour les gens qui m'avaient oublié parce qu'on est vite oublié, que ce soit dans le monde du sport ou par ses amis. Ce qui me pousse encore, c'est ma famille, mon équipe, mon épouse, mon frère, qui était très présent, mon père. Maintenant, c'est une fierté pour eux de me voir encore sur un banc. J'ai changé ma façon d'entraîner parce qu'avant j'étais quelqu'un d'explosif, maintenant il faut plus se contenir et faire attention au cœur.
Je suis un miraculé. Je suis miraculé encore d'aller conduire mes enfants à l'école, d'être avec mon épouse, rentrer chez moi… Je suis parti le matin du 17 juin travailler et je ne suis pas rentré à la maison. Je suis rentré un mois et demi après dans une chaise roulante.
Vous aviez déjà entraîné quelques équipes avant Labourse ?
Ça fait 17 ans que j'entraîne. Mon premier club, ç’a été Billy Berclau. Ensuite je suis parti à la jeune France de Mazingarbe, puis Grenay, j'ai aussi pris l'équipe de Bully-les-Mines en coach adjoint avec Pascal Peltier en DHR. Ensuite, je suis parti à La Bassée. Enfin, Monchy-au-Bois et je viens d'arriver à Labourse il y a seulement quelques mois.
Vous êtes premiers de division, comment expliquer cette bonne dynamique ?
Il faut se dire que j'ai un très bon groupe. Voilà un entraîneur c'est bien, mais il faut que le groupe soit réceptif par rapport à l’ensemble du coaching. Je suis bien encadré, j'ai un adjoint, les gosses sont vraiment comme dans un club professionnel, leurs maillots sont installés, les piquets et filets aussi, quand ils arrivent, ils n'ont qu'à penser au football. Ce que j'adore dans ce groupe, c'est qu’on prend tout match par match.
Je n’ai jamais entendu les garçons parler du futur match de Coupe de France, du futur match de championnat. Prendre match par match, c'est prendre comme à ma façon. Je leur dis, c'est prendre la vie jour après jour et ça nous va bien.
Il y avait du monde contre Étaples lors de la dernière victoire en Coupe, c’est un soutien important ?
Il y avait 1300 spectateurs. C’est un soutien énorme, mais je peux vous dire que ce sont les bénévoles qui sont aussi à mettre à l'honneur dans ce tour de Coupe de France. Ce n’est pas la Coupe de France de l'équipe première, c'est la Coupe de France d'un club et je vais dire, tout le monde se donne à fond, maintenant on va jouer au stade Camille Tisserand à Noeux-les-Mines.
On part sur un tour de la Fédération Française de Football, on n'est plus dans le district, on n'est plus dans la Ligue et il y a un protocole énorme à mettre en place pour accueillir une Nationale 2. Et sans ces bénévoles, sans ces 50 personnes qui vont être mises à contribution, on n’aurait pas pu jouer à Noeux.
Vous allez jouer contre Bobigny, cinq divisions au-dessus de vous, c’est source de stress ?
C’est certain, on va jouer contre des joueurs qui sont une trempe au-dessus de nous. Quand on regarde la photo, on voit des gars athlétiques, physiques. Déjà rien que sur la photo, ça fait peur. Mais bon, on va jouer avec nos qualités et puis le match va débuter à 0-0. Plus le temps avancera et plus on tiendra, plus on pourra aller aux tirs au but et encore espérer faire un exploit. On va jouer notre jeu. On ne va pas s'inventer une vie. On reste des joueurs amateurs. Aujourd'hui, j'ai des joueurs qui tirent du câble à Marseille, qui vont faire qu'un entraînement. On va rester nous-mêmes et ça nous va bien.
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