Battu 3-1 à Bollaert par l'OM et désormais 9e de Ligue 1, le RC Lens va tenter de rebondir à Reims vendredi (13e journée de Ligue 1, 20h45, à suivre en direct sur Lensois.com et diffusé en intégralité sur DAZN). Une ville que Will Still connait bien et où son équipe apportera peut-être le premier impact de certains changements évoqués.
Lensois.com : Will Still, quel est l’état d’esprit de votre équipe après la défaite face à l’OM et avant d’aller à Reims ? N’y a-t-il pas un risque de perte de confiance ou de nourrir de la frustration ?
De la frustration, il y en a beaucoup. Elle est partout, dans le staff ou chez les joueurs. Je pense qu’on a remis les choses un peu dans leur contexte. On est arrivé il y a 5 mois alors que quelque chose avait été mis en place pendant 5 ans, ce qu’on a respecté, admiré de loin avant d’être dans le club. Mais forcément, les temps changent, les gens et le foot aussi et c’est à nous de nous adapter à ce changement. Une grande partie du club, dont le staff, a changé et certaines choses ne sont plus forcément les mêmes. Mais au-delà de ça, on a eu un contenu intéressant aussi. On a perdu 3 matches, mais contre Paris, Lille et Marseille. Il y a une réalité de classement et de budget qui pour moi n’est pas négligeable. Lille, tout le monde se rappelle ce qui s’est passé à la 95’, la première mi-temps contre l’OM est plus qu’honorable et Paris reste un cas particulier. Il n’y a pas une alarme à incendie à tirer. On est conscient des choses à améliorer, qu’il faut changer. Car c’est bien beau de dire que ça joue bien, qu’il y a de l’intensité, mais les gens ne retiennent que les résultats et le classement lui aussi. A nous de nous concentrer plus sur la réalité des choses. C’est bien d’avoir des contenus corrects mais soyons plus réalistes. Ce sont des buts que l’on doit marquer, des points que l’on doit prendre et il y a des zones de confort à briser. On y travaille. On savait que tout n’allait pas se mettre en place du jour au lendemain. Il y a un processus en cours. Tout n’est pas à jeter mais ça prendra le temps qu’il faudra pour que tout fonctionne sur toute la ligne.
L’équipe est-elle à sa place aujourd’hui ?
Il y a une certaine réalité des choses. Les points tu les mérites et si on ne les a pas, c’est qu’on ne les méritait pas. On a joué de pas mal de malchance, je ne fais pas la pleureuse, mais ça ne va pas définir ce que l’on fait. On a des principes clairs qui doivent être réalisés plus justement. Mais il n’y a pas 4000 choses à changer non plus, pas de choses drastiques, mais des petits détails pour transformer ces contenus de 45 minutes sur une plus longue durée et prendre des points.
Sur quoi pouvez-vous jouer pour faire avancer les choses ?
On m’a beaucoup demandé si on allait changer de système mais je pense que le club a été bâti sur ce système avec des principes et un effectif forgé pour jouer comme ça. Il n’y a pas des centaines de choses qu’on peut changer, mais ce sont des moments d’entrainement ou de concentration, d’implication qui sont plus importants que d’autres. Il y a une prise de conscience à avoir par rapport à ça. Tu sens directement la différence quand tu es un plus direct face aux joueurs, tu sens que la zone de confort devient légèrement plus inconfortable. C’est là que les changements vont se faire. Petit à petit, des choses vont changer, ça fait partie de la vie d’un club et d’un staff. C’est bien, c’est important parfois.
« Tout le monde tire dans le même sens »
Sur l’aspect défensif, vous venez d’encaisser 5 buts en 2 matches alors que c’était votre force… Avez-vous déjà une explication ?
Pour moi c’est une question de concentration et de focus. On sait que si on ne marque pas en premier, on se rend la vie difficile. Mais il ne faut pas que ça devienne acceptable ensuite de prendre des buts. Même si on a prouvé qu’on peut renverser une situation, ça ne doit pas devenir récurrent. Il faut garder une rigueur, un focus, une vigilance à toute épreuve. Ça fait partie de cette spirale où tu ne marques pas, donc tu remets en question, tu te demandes si tu vas marquer et tu perds un peu de focus sur des éléments défensifs. Ce sont vraiment des choses de base. Contre l’OM, il y a un jeu long sur lequel on ne gagne pas le 2e ballon et on ne suit pas l’infiltration, puis une transition sur un coup de pied arrêté pour nous. C’est juste un respect des positions qui n’a pas été fait correctement. Mais il n’y a rien non plus d’alarmant. C’est juste embêtant.
Vous retournez à Reims ce week-end… N’y a-t-il pas plus de pression à Lens ?
Non parce que personne ne peut me mettre plus de pression que celle que je me mets moi-même. A Reims aussi, je voulais jouer l’Europe. Ce n’est pas le monde extérieur qui va m’en mettre plus, j’en suis convaincu. Après c’est sûr que la taille et l’envergure du club ont changé, les attentes aussi, mais il faut garder l’église au milieu du village, une certaine logique dans ce qu’on fait et un certain calme. Il n’y a pas le feu. Oui on est conscient de ce qu’on doit faire, moi le premier, et on va le faire, le vivre ensemble. La communication avec Pierre (Dreossi), Diego (Lopez), le président et Jean-Louis (Leca) est quotidienne et parfaite. Tout le monde tire dans le même sens. C’est plus de la frustration car tu as l’impression que tu fais les choses bien mais tu n’es pas toujours récompensé. On continue, on reste solidaire et soudé.
Ne ressentez-vous pas une forme d’impatience autour de vous ? Comparé à Reims où l’équipe était en difficulté, vous arrivez dans un club qui a souvent brillé pendant 5 ans…
Une nouvelle direction sportive est arrivée, il y a eu une prise de conscience de l’état économique du club et de son état sportif. On savait que tout n’allait pas été parfait, que ça allait prendre un peu de temps, mais que tous ensemble on allait être patient, se soutenir et pousser dans la bonne direction. C’est l’opposée totale par rapport à quand je suis arrivé à Reims mais je pense que je ne peux pas être mieux entouré que je ne le suis à Lens. Que ce soit le staff, les joueurs, les membres de la direction ou même les membres de la cellule communication. J’apprends tous les jours. J’ai envie de le faire et je sais qu’on va réussir. Mais dans le foot ça ne se fait pas en un claquement de doigts. Les meilleures équipes au monde perdent des matches. Ramener des bases, bouleverser des choses ça prend du temps, mais c’est un vrai boulot hyper passionnant. Et on va y arriver.
La patience, est-ce facile à apprivoiser pour vous ?
C’est chaud mais ça fait partie du truc ! Il faut s’en armer et beaucoup de gens autour de moi me l’apprennent. C’est là que le petit enfant roux anglais qui avait un tempérament bien râleur ressort, mais on apprend et on avance !
Propos recueillis par Eloïse De Mester
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