« C'est inaceptable ». Le président de la Communauté de communes Flandre Lys (CCFL), Jacques Hurlus, est vent debout contre l'annonce de la direction générale de l'aviation civile (DGAC) qui souhaite se désengager du contrôle aérien de l'aérodrome de Merville-Lestrem à partir de 2028. « Nous avons été convoqués par la DGAC pour nous annoncer cette décision qui avait déjà été actée. Ce n'est pas une façon de procéder. C'est trop facile de refiler aux collectivités locales une prérogative de l'Etat surtout que cela a trait à la sécurité »
"Il y va de l'avenir de l'aérodrome"
Concrètement, sans sa tour de contrôle, il n'y a plus de système de surveillance aérienne. Ce serait donc à la collectivité de faire appel à des contrôleurs aériens privés, ce qui représente un coût important, comme nous l'explique Jacques Hurlus : « Aujourd'hui, l'aérodrome est déjà déficitaire dans la mesure où nous devons supporter des dépenses incompressibles. Si on doit en plus rajouter la tour de contrôle, cela pose une question de fond. Une petite intercommunalité de 40 000 habitants comme la nôtre n'a pas à terme la capacité de soutenir un tel effort financier. Il y va de l'avenir de l'aérodrome. À moyen terme, il est potentiellement menacé faute de pouvoir supporter un tel coût. »
Une décision qui « tue tout le développement pérenne de l'aérodrome » selon lui. Cela pourrait bien remettre en cause la pérennité de l'école privée de pilotage, l'EPAG NG, qui forme tous les ans 150 jeunes à Merville, et poser un problème de concurrence vis-à-vis de l'École Nationale de l'Aviation Civile (ENAC) soutenue par l'Etat.
Une menace pour la sécurité
Le président de l'Aéroclub de la Lys et de l'Artois, Jean-Loup Empis, qui regroupe 150 membres, est lui aussi inquiet. « On est un club de la région qui attire parce qu'on a des équipements intéressants et notamment les contrôleurs aériens. Si on n’a plus cela ici, on devient moins attirants. » Selon lui, il se pose aussi une question de sécurité : « Les contrôleurs amènent de la sérénité à nos pilotes. Il y a de nombreux pilotes à Merville, professionnels comme non-professionnels, des étrangers aussi. Nous avons des planeurs, des parachutistes. Tous doivent partager le même espace aérien. Les contrôleurs nous aident à nous repérer dans cet espace. »
On compte pas moins de 30 000 mouvements par an sur l'aérodrome : « C'est très important et cela montre que ce n'est pas juste un petit aérodrome », indique Jean-Loup Empis. Gabriel Attal qui était premier ministre avait, par exemple, atterri à Merville pour sa visite dans la région au moment des inondations.
C'est aujourd'hui tout un écosystème avec d'importants investissements réalisés par la CCFL qui est menacé. « Il y a une activité de restauration, par exemple. C'est intéressant, car les pilotes qui viennent ici se poser peuvent se restaurer. »
Une pétition en ligne
Le président de la CCFL compte bien se battre jusqu'au bout : « Pour moi, ça ne se fera pas. Je mettrai tout en œuvre. On fait pression partout auprès du premier ministre, du ministre des Transports. Nous avons le soutien de la région. L'aérodrome de Merville a une histoire et ce serait dommage de l'arrêter alors que le territoire et l'aérodrome sont en pleine expansion. » Après Lesquin, Beauvais et Meaulne, c'est le quatrième aérodrome le plus important. Une nouvelle réunion avec la DGAC doit se tenir courant janvier ou février.
Une pétition a été lancée et a réuni, à ce stade, plus de 4 000 signatures.