« La piste est sérieuse, oui. » Voilà ce qu'un agent pénitentiaire de la prison de Vendin-le-Vieil, dont nous conserverons l’anonymat, nous confirme après l’annonce de Gérald Darmanin ce dimanche soir. Le ministre de la Justice a dévoilé sur LCI son projet pour lutter encore plus sévèrement contre le trafic de drogue, notamment en détention. Les « cent plus gros narcotrafiquants » détenus seront isolés dans « une prison de haute sécurité » à l’été 2025, a notamment déclaré le Garde des Sceaux.
Concrètement, l’idée est de vider une prison pour y retenir les cent plus gros trafiquants de drogue du pays en un seul et même lieu, « avec des agents pénitentiaires particulièrement formés, anonymisés », a précisé Gérald Darmanin. En revanche, le ministre n'a pas précisé quelle prison sera choisie, ni quand.
Pour rappel, le ministre de la Justice avait annoncé vouloir serrer la vis mi-décembre pour lutter contre le narcotrafic.
Une visite de Gérald Darmanin à Vendin
Dans les faits, deux établissements ont déjà été identifiés, mais ils nécessitent des aménagements supplémentaires de sécurisation. Et pour cause : « Les narcotrafiquants sont les détenus les plus dangereux ! Ils ont souvent un réseau dehors et poursuivent leur activité depuis la prison », nous confie avec inquiétude notre agent pénitentiaire de Vendin-le-Vieil. L’hypothèse de la prison située près de Lens, l’une des plus sécurisées de France, est bien à l’étude.
Ce samedi, avec @AgnesRunacher au Centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, pour remercier, soutenir et échanger avec les courageux agents pénitentiaires. pic.twitter.com/xRJiXeCODQ
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) 11 janvier 2025
Gérald Darmanin était d’ailleurs en visite sur place ce samedi (11 janvier), avec Agnès Pannier-Runacher, nouvellement ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche. Les ministres sont allés officiellement à la rencontre des agents pénitentiaires, mais le projet n’a pas été évoqué directement avec eux. En revanche, il l’a bien été avec la direction. Cette dernière affirme aux syndicats ne pas disposer d’informations supplémentaires « pour l’instant ».
Des questions à éclaircir
Ce flou laisse donc place aux interrogations pour les syndicats pénitentiaires. En premier lieu sur la méthode : Si Vendin-le-Vieil devait devenir une future prison pour les très gros poissons l’été prochain, que faire et où déplacer les autres détenus, et notamment les plus dangereux ? Rappelons que Vendin accueille déjà de grosses personnalités criminelles, comme Salah Abdeslam ou encore Rédoine Faid, placés à l’isolement.
Autre question à éclaircir, concernant le manque de places : « Les prisons françaises sont déjà archi-bondées », nous souffle notre source. « Mais on aurait peut-être de la place si l’on compte déjà les narcotrafiquants de Vendin, cela reste à voir », ajoute-t-on.
La principale interrogation serait celle des moyens attribués pour la sécurité de l’établissement et surtout celle des agents pénitentiaires « qui ont déjà des conditions de travail pénibles », insiste notre interlocuteur syndiqué.
Enfin, le délai de l’été prochain est-il vraiment réalisable ? Les syndicats semblent sceptiques. À Vendin-le-Vieil, certains syndicats, comme la CGT, ont prévu de se rassembler prochainement pour discuter du projet. La direction promet de tenir informé le personnel.
Il faut que le minitre précise son projet. Pour l'instant l'administration pénitentiaire n'a pas assez de moyens (hommes, matériel, formation..) pour ses taches actuelles. Un tel projet, s'il est bien fait, coûte cher. Il existe une exemple en Europe, de prisons aménagée et/ou construites pour isoler mafieux et terroristes, c'est l'Italie:
https://blogs.mediapart.fr/alain-verdi/blog/210822/italie-un-regime-de-prison-dure-pour-les-mafieux