Le problème ne date pas d’hier et est régulièrement dénoncé par les syndicats à la maison d’arrêt de Béthune. Parmi les sujets fréquemment abordés, la surpopulation carcérale. Dans cet établissement, « nous avons un taux record d’occupation avec environ 240 % », explique Jérémy Jeanniot, secrétaire interrégional FO Justice des Hauts-de-France.
« Ils subissent la triple peine »
« Je pense que, par exemple, dans l’Éducation nationale, on n’accepterait pas d’accueillir 50 ou 60 élèves dans une classe. Nous, c’est pourtant ce que nous devons assumer au quotidien. » Si cette problématique est régulièrement soulevée, elle n’est pas la seule qui préoccupe les agents pénitentiaires, comme nous le détaille Jérémy Jeanniot : « À Béthune, ils subissent un peu la triple peine. Avec cette surpopulation, nous avons une situation de sous-effectif chronique pour tous les corps et grades. On est en train de se poser la question de savoir comment la structure va pouvoir tourner au mois de mars. On est face à un mur avec beaucoup de collègues qui vont partir à la retraite. L’administration est aujourd’hui dans l’incapacité de remplacer ces agents. »
Une insécurité
Un autre sujet majeur revient régulièrement, les problèmes d'insécurité,« notamment liés aux livraisons régulières de colis. » Les habitants situés à côté de la maison d’arrêt se plaignaient d’ailleurs de nombreuses nuisances liées à des individus qui passaient chez eux pour lancer leurs projectiles. Aujourd’hui, ce problème est en partie réglé selon le voisinage. Il y avait notamment une difficulté particulière avec l’école Pasteur, juste derrière, avec des personnes qui montaient sur le toit de l’établissement pour lancer leurs paquets.
À ce jour, et depuis l’installation de caméras et de barbelés autour de l'école en novembre, en partie financés par l'État, le personnel nous confie ne plus avoir de problèmes. Du côté des riverains, on note également une amélioration, même si un habitant nous explique avoir dû investir dans un portail imposant pour éloigner tout risque. Derrière le bâtiment, une habitation a vu sa barrière pour accéder à l’arrière de la maison, donnant vers la maison d'arrêt, fracturée.
Des livraisons par drone
Néanmoins, selon les syndicats, cette livraison est de plus en plus effectuée par drones : « Ça pullule à Béthune. C’est un vrai fléau. » La nuit, notamment, ces engins volants, pilotés par des personnes visiblement expérimentées et difficilement localisables, sont mandatés pour livrer principalement « de la drogue, des téléphones portables, de la nourriture ou même des lames de scie que nous avons retrouvées encore récemment. C’est très compliqué de les intercepter, ils sont bien organisés et arrivent juste sous la fenêtre du détenu. Le paquet est accroché via une longue corde », nous indique Thierry Turlure, délégué syndical FO à Béthune.
Une lettre ouverte publiée
« Nous avons demandé à la direction, à monsieur le sous-préfet et au procureur du tribunal de Béthune, dans une lettre ouverte, d’organiser des opérations de fouilles générales, voire sectorielles. La dernière remonte à 3 voire 4 ans. C’est un gros manque. Il est inadmissible qu’on nous laisse avec autant d’insécurité. »
Ces problèmes ont également été relayés au ministre de la Justice, Gérald Darmanin, dans un courrier envoyé par la sénatrice du Pas-de-Calais, Amel Gacquerre. À ce stade, aucune réponse n’a été apportée concernant l’établissement de Béthune.
