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« Nous sommes les oubliés » : le cri d'alarme d'une infirmière du Béthunois face aux agressions

Béthune - Bruay. Les infirmiers libéraux, victimes de violences de plus en plus fréquentes, tirent la sonnette d'alarme face à une situation de plus en plus insupportable. Une professionnelle victime d'agression témoigne.

« Nous sommes les oubliés » : le cri d'alarme d'une infirmière du Béthunois face aux agressions
Les infirmiers libéraux alertent sur la multiplication des agressions - Shutterstock

Les infirmiers libéraux tirent la sonnette d’alarme. La Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) recense de plus en plus d’agressions physiques et morales envers ces professionnels. Le Pas-de-Calais n’est pas épargné, avec récemment deux adhérents de la FNI 62 victimes de violences physiques, lesquelles ont conduit à des interruptions temporaires de travail (ITT).

« Les mesures fortes, c’est pour quand ? » s’interroge Bastien Dudzik, président de la FNI Pas-de-Calais. « On a régulièrement des collègues qui se font agresser. Moi, j'ai le souvenir d'une collègue à Béthune qui avait été séquestrée l'année dernière par un de ses patients. » Il s’étonne de la « banalisation » de ces actes et du silence des instances.

Une insécurité omniprésente

« L'infirmier, c'est la personne qui va suivre le patient à son domicile pour la dispensation des médicaments dans le cadre de troubles psychiatriques. Néanmoins, même s'il y a un traitement, même s'il y a un suivi, un jour, nous ne sommes jamais à l'abri d'une décompensation. Encore une fois, la personne qui est en première ligne, c'est l'infirmier libéral », explique-t-il.

Une insécurité tellement présente que certains de ces professionnels en viennent à chercher des moyens pour se protéger eux-mêmes : « Le retour que l'on a, ce sont des collègues qui ont une bombe de lacrymogène dans leur sac, même si c'est illégal. On a également une collègue qui partait avec une batte de baseball à l'arrière de sa voiture. On est clairement en insécurité », nous décrit Bastien Dudzik.

Une infirmière témoigne

Stéphanie travaille dans le Béthunois et fait partie de ces infirmières qui ont subi des violences de la part de certains patients.

« Le 24 décembre, veille de Noël, je me suis présentée chez la patiente pour lui apporter les médicaments. Après deux passages sans réponse, je suis revenue vers 16h30 et, à travers la porte, j’ai entendu de nombreuses insultes. Après quelques minutes, elle m’a ouverte, un coup de poing est parti, que j'ai réussi à éviter. Puis, elle m’a tordu le poignet dans le couloir. Elle était alcoolisée. J’ai continué ma tournée comme si de rien n’était, puis j’ai ressenti une douleur importante. J'ai vu le médecin qui m'a mise en ITT pendant 5 jours et m'a posée une attelle. Des jours que je n’ai finalement pas pris, j'ai continué à travailler pour la continuité des soins parce qu'on ne peut pas se permettre d'arrêter de travailler. »

Elle nous décrit une certaine crainte qui s’est installée : « On n'a pas de recours et on a de plus en plus peur. Quand on va à domicile, on ne sait pas ce qui va arriver. S'ils sont en crise, on ne peut rien faire. On est seul face à cette situation, sans soutien. »

« Nous sommes les oubliés »

Poussée par le syndicat, elle a depuis décidé de porter plainte. Pour autant, elle ne se sent pas entendue : « On parle beaucoup des infirmiers à l'hôpital, mais nous, en libéral, nous sommes les oubliés. On nous a applaudis pendant le Covid, et puis au final, aujourd'hui, on est méprisés, tout est banalisé. Nous contactons le Conseil de l'Ordre, mais ils ne sont pas à l'écoute et ne nous répondent même pas. On est vraiment seuls. Il y a une colère de se dire, voilà, j'étais agressée, mais tout le monde s'en fout. » témoigne-t-elle.

Depuis cette agression, Stéphanie a décidé de ne plus se rendre chez cette patiente. Elle nous assure avoir alerté sur ce comportement pourtant préoccupant, mais n'avoir reçu aucune réponse. Récemment, un autre infirmier, également dans le Béthunois, a été agressé par un patient souffrant de troubles psychologiques. Plus gravement blessé, son état a nécessité 8 jours d'ITT.

Bastien Dudzik nous affirme avoir pris attache avec la préfecture. « L'idée, c'est de pouvoir travailler main dans la main avec les forces de l'ordre pour que, lorsqu'il y a une agression, violente ou non, il y ait quelqu'un qui puisse intervenir derrière pour soutenir et aiguiller notre collègue. »

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