Précarité énergétique : environ 15 % des habitants du Nord-Pas-de-Calais ne se chauffent pas correctement

C’est une réalité effrayante. Et pourtant, selon une étude menée par l’office statistique européen, environ 15 % des habitants du Nord et du Pas-de-Calais ne parviennent pas à chauffer correctement leur logement. Cela concerne environ 615 000 personnes. Ces chiffres, basés sur les déclarations des habitants, montrent que le Nord et le Pas-de-Calais sont les deux départements les plus touchés de France.

En Europe, 47 millions de personnes seraient concernées par la précarité énergétique, soit un peu plus de 10 % de la population. Parmi les causes, on retrouve notamment la hausse des prix de l’énergie et la mauvaise isolation des logements. L’énergie reste le deuxième poste de dépense des ménages français, après le loyer.

Des factures qui explosent

Le sujet touche de nombreux habitants de l’Artois, comme en attestent les centaines de témoignages reçus par la rédaction d’Horizon.

C’est le cas de Maureen, d’Hersin-Coupigny, qui explique couper le chauffage dès le mois de février pour réduire ses factures d’énergie. Cette fidèle auditrice précise qu’elle éteint le courant dès qu’elle sort de chez elle pour ne laisser aucun appareil en veille, sauf son frigo. Pourtant, sa maison neuve, construite en 2022, n’est pas considérée comme une « passoire thermique ». Elle confie même « se sentir mieux au boulot, au moins j’ai chaud ». Pour ne pas consacrer tout son pouvoir d’achat à l’énergie, elle préfère opter pour un « pilou-pilou » qu’elle ne quitte plus et une grosse couette. Une fois rentrée du travail, Maureen se réchauffe avec une douche et se glisse rapidement dans son lit.

Passoires thermiques : un gouffre financier

À Bully-les-Mines, le thermostat de Sandrine – peignoir sur le dos et grosses chaussettes aux pieds – affiche rarement plus de 17 degrés. Elle concède tout de même « pousser un peu » le chauffage lorsque son fils de 15 ans est présent, pour qu’il ne tombe pas malade. Cette mère de famille habite une maison des années 1970, classée DPE E, où elle préfère allumer un feu de cheminée. « Un gouffre financier », comme elle qualifie son logement.

Avec ses factures à l’appui, elle décrit ses charges qui dépassent régulièrement les 800 euros tous les deux mois pour sa pompe à chaleur, qu’elle fait à peine tourner. Une somme qui représente une grosse partie de son salaire de conductrice de transports en commun, au détriment, souvent, de l’alimentaire. Ce budget est une dépense qu’elle ne consacre ni aux petits plaisirs de la vie quotidienne, ni aux courses, ou alors dans des achats différés. Penser à déménager ? Elle n’y songe pas, elle n’en a pas les moyens.

Comme elle, des milliers d’habitants de la région redoutent les longs hivers, mais prennent leur mal en patience en attendant le retour des beaux jours, synonymes d’oxygène pour leur pouvoir d’achat.

La rédaction d'Horizon remercie tous les internautes et les auditeurs qui ont contribué à la rédaction de cet article et à l'élaboration de reportages grâce à leurs nombreux témoignages.