L’agglomération Béthune-Bruay Artois Lys Romane s’attaque à un problème récurrent dans la gestion de l’eau sur le territoire : le phénomène de l’eau rousse. Elle veut en faire une priorité. Pour y remédier, des dizaines de millions d’euros vont être investis au cours des dix prochaines années. Philippe Scaillierez, élu local en charge de l’eau, nous détaille les solutions mises en place pour résoudre ce défi.
L’une des solutions pour y remédier consiste à rénover les unités de traitement et à nettoyer les canalisations, voire les renouveler si l’on constate qu’elles sont trop vieillissantes. Selon Philippe Scaillierez, le programme d’investissements, qui s'étalera sur les dix prochaines années, est ambitieux. « Nous allons investir plusieurs dizaines de millions d'euros pour traiter ces problématiques récurrentes », explique-t-il. L'une des méthodes envisagées est le nettoyage, et si cela ne suffit pas, l’injection d’une résine alimentaire pour traiter les canalisations, une méthode moins coûteuse et présentant moins de nuisances pour les riverains qu’un remplacement complet. Cela permet d’éviter de devoir creuser des tranchées et de réaliser des coupures d’eau.
Le détail des investissements
Ainsi, à Douvrin et Billy-Berclau, il était prévu à l'origine de s’occuper des canalisations sur une durée de 3 ans, mais la CABBALR a souhaité réduire considérablement ce délai pour arriver à 6 mois. Un investissement de 3,4 millions d’euros est nécessaire.
Une unité de traitement sera créée à Douvrin pour une mise en service prévue en 2029. Elle permettra le traitement du fer mais aussi du nickel. Une troisième filière de traitement sera mise en place entre la fin de l’année 2025 et le début de l’année 2026 à Calonne-Ricouart. Un programme de nettoyage du réseau sera lancé cet automne dans la commune.
À Béthune, « la grosse unité de traitement à Beaumarais est vraiment vieillissante, voire obsolète. L’objectif est de la changer complètement. » Un deuxième château d’eau verra également le jour. « Actuellement, nous n’avons qu’un seul gros château d’eau de tête qui dessert 18 ou 20 communes et il n’a pas de capacité pour tenir 24 heures en cas de panne. » Une fois ce nouveau château d’eau opérationnel, l’autre pourra être rénové et une unité de traitement du fer et du nickel pourra être construite. « L’objectif est pour 2029. Ce sont des travaux très lourds, et cela représente un coût de 10 millions d’euros. »
À Gonnehem, les nettoyages de réseau sont toujours en cours. À Busnes et Robecq, ils ont été finalisés. L’unité de traitement sera changée à Gonnehem, avec une mise en fonctionnement prévue en 2026. « De gros investissements seront réalisés pour traiter le problème à la source et ensuite travailler sur les canalisations, afin de réduire le plus possible les problématiques d’eaux rousses. » Au total, ce sont donc 3 unités de traitement du fer qui seront changées, et une nouvelle verra le jour à Douvrin.
Une eau de qualité rassurante
Philippe Scaillierez se veut rassurant à ce stade sur la qualité de cette eau : « Il n’y a aucun danger pour la santé. L'eau, bien que parfois désagréable en raison de sa couleur ou de son odeur, est contrôlée régulièrement par l'Agence Régionale de Santé (ARS) et reste potable. Si l’eau n’était pas conforme aux normes de santé publique, l’ARS nous interdirait de la distribuer », assure-t-il.
Pas d'impact sur le prix de l'eau
Philippe Scaillierez précise qu’il n'y aura pas d'augmentation du prix de l’eau en raison de ces investissements. « Le prix de l’eau a déjà été fixé pour 2026, et il ne sera pas impacté par ces travaux », explique-t-il. En 2026, la part fixe sera de 52 euros et la part variable de 70 euros le mètre cube, pour toutes les communes de l’agglomération.
Ce problème de l’eau rousse, que les élus ont décidé de traiter de manière prioritaire, découle d’un manque de ressources et d’ingénierie dans les décennies passées. « Ce n’est pas un problème nouveau, mais nous avons désormais les moyens financiers et techniques pour y remédier », indique Philippe Scaillierez.