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« C’est brutal » : huit lits de réanimation fermés à l'hôpital de Béthune

Béthune - Bruay. Suite au départ de deux médecins, huit lits de réanimation ont été fermés à l’hôpital de Béthune, passant de 19 à 11. Le personnel soignant dénonce une réorganisation brutale, un manque de visibilité, et des redéploiements sans formation.

« C’est brutal » : huit lits de réanimation fermés à l'hôpital de Béthune
Centre hospitalier de Béthune-Beuvry - DR Horizon

À l’hôpital de Béthune, la fermeture soudaine de lits de réanimation plonge les soignants dans l’incertitude. Deux départs de médecins, annoncés brutalement il y a une dizaine de jours, ont obligé la direction à réduire le capacitaire de 19 à 11 lits. Une décision qui bouleverse l’organisation des soins et laisse le personnel « en trop » sans visibilité, redéployé à la hâte dans d’autres services.

La décision est tombée brutalement, sans concertation, lors d’une réunion interne. « Deux médecins réanimateurs ont annoncé leur départ. Résultat : les soins continus, soit huit lits, sont fermés. » lâche Pascal Fovet, représentant CGT du centre hospitalier.

La situation pourrait empirer d’ici l’été nous explique une infirmière. Si aucun remplaçant n’est trouvé, « on pourrait tomber à cinq lits en période estivale », alerte t-elle.

« On nous déplace comme des pions »

Dans l’anonymat, une infirmière et une aide-soignante en service de réanimation témoignent de leur quotidien chamboulé : redéployées dans des services pour lesquels elles ne sont pas formées, sans préparation ni accompagnement. « On arrive le matin, et la cadre de garde vient nous chercher pour nous envoyer ailleurs : pneumologie, maison de retraite, services d’étages...On met nos diplômes en danger, et surtout, on met les patients en danger. »

Au cœur de leur colère, un sentiment de mépris : « On n’a pas choisi ce métier pour être traités comme ça. » Au stress de l’inconnu s’ajoute une perte financière : les primes spécifiques à la réanimation sont supprimées lors des redéploiements. Les plannings changent, les horaires aussi. « Notre vie de famille est bousculée, notre santé aussi. Tous les matins, on vient travailler avec la boule au ventre. »

Les témoignages sont forts. Certains pleurent, quotidiennement. Les feuilles de « souffrance au travail » s’accumulent nous confie Pascal Fovet. « Il n’y a jamais eu autant de signalements dans un service. »

« On demande de la visibilité» 

Ce que réclament les soignants, c’est « une visibilité sur leur avenir », une clarté sur les intentions de la direction. « Doit-on faire l’effort jusqu’en novembre ? Va-t-on réellement rouvrir les soins continus ? » Pour l’instant, aucune garantie.
Pascal Fovet regrette : « Ils n’ont revu personne depuis dix jours. Ils ont été cueillis à froid par cette annonce, puis plus rien. Ce personnel mérite d’être respecté. On leur doit des réponses. »

Une crise locale aux racines nationales ?

Au-delà de Béthune, c’est l’hôpital public qui est en cause. « Notre gouvernement investit dans des armes, pas dans les soins. On ne donne pas les moyens d’être attractifs pour les médecins », déplore le représentant CGT.

« On a été applaudis pendant le Covid. Aujourd’hui, on nous traite comme des pions. » conclut une aide-soignante.

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