Une friche de plusieurs maisons inachevées, certaines à la structure encore visible, au-dessus du cimetière municipal d’Arras. Cette vision désolante est celle d’un projet d’écoquartier qui n’a jamais vu le jour, emmuré depuis des années. C’est surtout la manifestation physique d’un cauchemar pour les 26 investisseurs qui ont déboursé des millions dans ces installations en 2010.
L’affaire a été traînée en justice depuis, avec cinq prévenus à la barre du tribunal de Lille en mars, dont André Kaas, principal responsable du projet d’écoquartier. Les juges ont rendu leur décision hier, et le promoteur écope de cinq ans de prison dont deux ferme pour escroquerie, détournement de fonds et usage de faux, selon nos confrères de La Voix du Nord. « Une aberration » selon l’homme de 74 ans qui a annoncé faire appel.
« Si la justice peut être lente, elle finit toujours par passer »
Sa femme Brigitte Cisterne, gérante de la société La Pointe de Blangy 2 impliquée dans l’échec du projet, est elle aussi condamnée à trois ans dont un ferme.
Patrick Vergeot, partie civile et surtout partie des 26 investisseurs lésés dans le projet, a salué la décision en reconnaissant que « même si la justice peut être lente, elle finit toujours par passer ».
Les habitations, vieilles de près de quinze ans, sont régulièrement visitées par des sans-abris. © Clément Demazure
La friche a depuis été le théâtre de nombreuses occupations par des sans-domicile fixe. En 2015, l’un d’entre eux était retrouvé mort, roué de coups, au milieu des habitations inachevées. Un mort parmi les trois SDF qui décèderont dans l’écoquartier au total. Récemment, plusieurs installations de fortune ont été retrouvées dans ce lieu, pourtant inaccessible en théorie.