Face à une pénurie de médecins, notamment dans les zones appelées « déserts médicaux », plusieurs propositions sont avancées. L’une d’elles, la loi Garot, est loin de faire l’unanimité, notamment chez les médecins du Pas-de-Calais qui ont donc décidé de manifester leur opposition les lundi 28 et mardi 29 avril 2025. Résultat : 2/3 des cabinets médicaux risquent d’être fermés ces jours-là.
La loi Garot, c’est quoi ?
Cette loi vise à réguler l’installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux. Concrètement, les médecins qui souhaitent s’installer dans une ville vont devoir demander une autorisation aux Agences Régionales de Santé (ARS), qui décideront si, oui ou non, avoir un médecin en plus à cet endroit est pertinent. La proposition de loi a récolté plus de 250 signatures favorables de la part des députés, vendredi 4 avril, et elle sera votée début mai.
Mais pour Éric Dacquigny, médecin dans le Pas-de-Calais et membre de la Conférence des syndicats médicaux français (CSMF) : « encore faut-il définir ce qu’est un désert médical. » En effet, le médecin basé à Saint-Omer ajoute : « Tout le Pas-de-Calais peut être considéré comme un désert médical, étant donné qu’il y a entre 15 à 20 % de la population qui n’a pas de médecin traitant, et ce, même dans des villes comme Lens, Arras, Béthune ou Saint-Omer. »
Autre solution
François Bayrou, le Premier ministre, est lui aussi opposé à ce texte. Il l’a fait savoir vendredi 25 avril 2025 en faisant une autre proposition. Les médecins installés dans les grandes villes devraient exercer deux jours par mois dans un désert médical, de façon obligatoire.
Là aussi, Éric Dacquigny et les médecins du Pas-de-Calais ne sont pas convaincus. « La clé du problème, c’est vraiment de donner envie aux jeunes médecins de s’installer. Il faut leur redonner l’envie de travailler en médecine libérale, que ce soit en ville ou en campagne. C’est un métier passionnant. Mais aujourd’hui, la jeune génération a du mal à se projeter dans ce métier-là parce qu’on leur impose toujours des contraintes supplémentaires, avec des contraintes administratives de plus en plus lourdes. Ça leur fait peur. »
La solution pour lui, plutôt que de réprimer, serait d’attirer en mettant en place de meilleures conditions de travail dans les déserts médicaux. Par exemple, « avoir une assistante administrative, ce serait une réelle solution », pour le docteur. « Mais pour pouvoir faire cela, il faut des locaux, deux bureaux. »